Marie Pierre Marcel Edouard SALIN (1889-1970)

Ancien élève de l'Ecole des mines de Paris. Ingénieur civil des mines.

Voir biographie et photo : Laboratoire d'archéologie des métaux


La Revue des Ingénieurs, octobre 1952 :

Remise à M. Edouard SALIN de son épée d'académicien

Le 28 juin 1952 au Palais Ducal de Nancy, les amis de notre camarade se réunissaient pour fêter son élection à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

Du discours de M. André VEIL, son camarade de promotion qui parlait au nom de l'Association, nous faisons extrait des lignes où il évoque le passé :

« Chères années d'avant-guerre (celle de 14-18, naturellement), qui voyaient notre zèle au travail s'aiguiser d'un ardent patriotisme.

« Chère maison du boulevard Saint-Michel où nous nous préparions, nous, les jeunes de l'époque, en vue des efforts qui seraient la rançon de l'existence toute d'action dont nous rêvions tous. Nous nous apprêtions aussi à affronter les épreuves d'une guerre que l'on sentait inévitable et qui devait durer plus de quatre années.

« Je suis certain qu'Edouard SALIN pense avec moi que ce temps passé à l'Ecole compte pour chacun de nous, anciens élèves, parmi le meilleur de notre vie.

Le régime de l'Ecole se prêtait admirablement au développement de nos aspirations. Les cours ne formaient qu'une partie du programme d'instruction et alternaient avec de nombreux exercices pratiques, justifiant le symbole constitué par les deux têtes allégoriques, sculptées sur la porte d'entrée des élèves et représentant l'une la Théorie, et l'autre la Pratique.

« Nous avions une impression de grande liberté. A côté des visites d'usines, des stages d'été, des voyages à l'étranger, nous n'oublierons pas, dans un plan un peu différent, mais non sans intérêt, la préparation de la revue annuelle, les réunions dans la salle des élèves où nous discutions ferme de toutes sortes de questions, et dans tous les domaines, notamment dans le domaine littéraire toujours très en honneur chez les « mineurs » de Paris : nous n'oublierons pas les vers que nous lisait de sa voix chaude, notre ancien, élève étranger, devenu grand Européen, Salvador de Madariaga.

« Nos professeurs, tous d'une rare qualité, nous donnaient le meilleur d'eux-mêmei. Ils étaient en réalite des amis très chers. Je ne puis les citer tous, mais je voudrais tout de même rappeler le souvenir du cher et regretté Pierre Termier, le géologue, poète et philosophe, dont les exposés sur des sujets pourtant arides, étaient un enchantement par l'élégance, le scintillement du verbe, par la profondeur de la pensés, Pierre Termier, ton prédécesseur à l'Institut, mon cher Salin, dont le discours de réception fut un régal pour l'auditeur, et pour le lecteur, sous le titre « La Joie de connaître! ».

Cher académicien que nous fêtons aujourd'hui, tu as tiré le meilleur profit de la qualité d'un tel programme d'ensemble d'enseignement. Aidé par tes hautes qualités de pénétration, d'imagination et aussi de probité dans la recherche, tu es parvenu, après d'autres éminents travaux, à mettre au point des méthodes qui ont permis de créer, de perfectionner, au moyen de rigoureux procédés de laboratoire, une technique nouvelle dans la science archéologique.

« Reçois donc aujourd'hui, à l'occasion de la remise de cette épée, illustration d'un mérite si rare, l'hommage affectueux et les vœux de tous tes camarades de l'Ecole des Mines de Paris, heureux de voir en toi un savant dont les travaux ajoutent au rayonnement de la Lorraine et de la France ».