CHANGEMENT CLIMATIQUE : DE LA SCIENCE À L'ACTION

EDITORIAL

par François VALÉRIAN
Rédacteur en chef des Annales des Mines


Dès 1990, dans un rapport à l’Académie des Sciences, Robert Dautray mettait en évidence un certain nombre de phénomènes physiques à l’origine du changement climatique. A l’époque, le sujet était réservé aux débats entre savants, et n’avait pas encore obtenu cette notoriété mondiale inouïe pour un problème scientifique.

Le débat est désormais d’ampleur mondiale, mais il contient en fait deux débats. Les scientifiques continuent de discuter des phénomènes en jeu et de leur ampleur prévisible dans le futur ; ils tentent d’évaluer les probabilités et les horizons temporels d’un réchauffement intolérable, d’une montée dramatique des eaux ou d’un épuisement des ressources fossiles. Cependant, certains scénarios évoqués sont tellement alarmants que les gouvernements, la presse, les associations se préoccupent de ce qui peut être fait pour y parer dès aujourd’hui. D’un côté, le temps de la science et de ses investigations précautionneuses ; de l’autre, le temps de l’urgence, voire de la passion.


Le caractère planétaire des enjeux fait ressortir l’éclatement des instances de décision publique. Les gouvernements sont divers, et parfois opposés dans leurs approches. A l’intérieur même de chaque pays, les groupes d’intérêts ou de pression font valoir leurs propres interprétations et propositions, et se soupçonnent les uns les autres d’arrière-pensées nuisibles au bien commun.


Le changement climatique, avec ses urgences en débat, contribuerait-il à l’émergence d’une idée planétaire du bien commun ? Les années à venir seront décisives pour savoir si une telle idée s’impose, ou si la crise se développe, à l’instar d’autres crises environnementales, sans solutions identifiées ou satisfaisantes.



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