Godefroy-Alexandre MICHÉ (1755-1820)



Notice nécrologique parue dans les Annales des mines, année 1820, pages 587 et 588

Godefroy-Alexandre MICHÉ, ingénieur en chef au Corps royal des mines, membre de plusieurs sociétés savantes, était né à Paris, le 5 avril 1755. Il se livra spécialement dans sa jeunesse à l'étude de l'architecture, exerça pendant plusieurs années la profession d'architecte, fut nommé inspecteur des bâtimens, et contribua à diriger la construction des barrières de Paris. L'Ecole royale des mines ayant été organisée en 1783, M. Miché y entra comme élève en 1784 et devint ingénieur au bout de six mois. Doué d'un talent remarquable pour toutes les parties de l'art du dessin qui sont utiles à l'ingénieur, il fut chargé, immédiatement après son admission à l'Ecole des mines, de l'enseignement de cet art. Deux ans après, il fut appelé à y professer aussi l'architecture pratique. En 1794, on le nomma professeur adjoint pour la métallurgie, et il fit en cette qualité plusieurs cours dans les années suivantes.

A la même époque et depuis, de nombreuses missions furent confiées à M. Miché, missions qui, pendant les années de tourmente révolutionnaire, étaient toujours pénibles et souvent périlleuses. Il convient de remarquer, parmi divers résultats intéressans de la tournée que M. Miché fut chargé de faire en 1795 dans divers départemens du centre et de l'ouest de la France, qu'il a fait exécuter à cette époque, aux frais du Gouvernement, des travaux de recherches sur le site de wolfram de Puy-Lès-Vignes, département de la Haute-Vienne, recherches qui, reprises plusieurs années après, ont enfin conduit à la découverte de l'étain sur le sol français.

Indépendamment de ces diverses missions et des fonctions de professeur que M. Miché continuait à remplir, son zèle l'a porté à faire, à ses frais, plusieurs voyages dans l'intérieur de la France, pour accroître ses connaissances dans toutes les parties de l'art des mines. Ses services furent récompensés en 1802, par le grade d'ingénieur en chef, et on lui confia aussitôt l'inspection d'un arrondissement très-étendu dans le nord de la France. Lors de la nouvelle répartition des ingénieurs des mines sur le territoire français en 1814, l'arrondissement de M. Miché fut formé des trois départements de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne, et sa résidence fut fixée à Amiens. Là il se livra principalement à la recherche et à l'exécution des améliorations importantes que réclame l'exploitation des nombreuses tourbières du département de la Somme. L'âge ne diminuait point son zèle ; mais ses fatigues altérèrent de plus en plus sa santé, et une hydropisie de poitrine l'enleva à sa famille et à ses camarades le 19 mars 1820.

On trouve dans le Journal des Mines plusieurs mémoires intéressans de M. Miché, parmi lesquels on remarque un Manuel du voyageur métallurgiste, un rapport sur différents fourneaux propres à cuire la chaux et le plâtre, un autre sur le pyromètre de Wedgwood ; il a coopéré avec MM. Duhamel et Mathieu, à la rédaction du travail classique sur le boisage des mines, que le même recueil renferme.

M. Miché a publié en outre en 1812 une Nouvelle architecture pratique en un vol. in-8o., avec vingt-trois planches, ouvrage dans lequel il a fait de nombreuses additions et modifications au Traité d'Architecture pratique de Bullet. Beaucoup de dessins de M. Miché servent encore à l'ornement des salles de la collection minéralogique de l'ancienne École royale des Mines, à l'Hôtel royal des Monnaies.