Henri Fayol, géologue perspicace et novateur ?

Par Bernard BEAUDOIN, professeur à l'Ecole nationale supérieure des mines de Paris

 

Introduction

 

Pendant de longues années, les géologues de toutes les écoles … se sont trouvés d’accord pour admettre que les couches de houille sont d’anciennes couches de tourbe, enfouies à la suite d’un affaissement du sol. Cette théorie dut être abandonnée lorsqu’il fut constaté que la houille est formée… de débris charriés par les eaux. On continuait d’ailleurs à regarder comme évident que les différentes couches… avaient dû prendre naissance successivement…

C’est cette idée, qui semblait en quelque sorte évidente, qu’a osé déclarer fausse un ingénieur qui dirigeait les mines de Commentry et qui avait su observer en géologue perspicace le terrain qu’il exploitait en ingénieur habile… Les couches du terrain houiller ne se sont donc pas formées successivement, mais, en quelque sorte, simultanément, en progressant toutes ensemble.

Pour confirmer cette théorie ingénieuse, mais qui heurtait de front des idées considérées comme ayant l’évidence d’un axiome, M. Fayol s’est adressé d’abord à l’observation géologique… M. Fayol ne s’est pas borné à contrôler sa théorie par l’observation des faits géologiques. Il a aussi fait appel à l’expérimentation

Par l’introduction, dans la Science, d’une idée absolument neuve et qui paraît d’accord avec les faits… M. Fayol a rendu d’importants services à la Géologie, et votre Commission n’hésite pas à lui attribuer le prix Delesse...

 

Ces lignes sont extraites du Rapport de la Commission de l’Académie des Sciences qui, en 1893, concluait à l’attribution du prix Delesse à Henri Fayol. Ce même H. Fayol, qui est certainement beaucoup plus connu aujourd’hui comme dirigeant d’entreprise et théoricien du management, voire comme ingénieur des mines (habile), que comme géologue (perspicace).

 

Un décalage considérable apparaît entre l’appréciation enthousiaste des rapporteurs (idée absolument neuve…) et l’oubli à peu près complet dans lequel sont tombés ses travaux.

 

L’idée était-elle neuve ?

Qu’en demeure-t-il aujourd’hui ?

La démarche suivie est-elle exemplaire ?

Pourquoi cet oubli ? Est-il mérité ?

Convient-il de réhabiliter Fayol en tant que géologue ?

 

Telles sont les questions abordées ici par un géologue (sédimentologue), lui-même ingénieur des mines.

 

 

I. Les publications géologiques d’Henri FAYOL

 

Fayol avait 40 ans (dont une vingtaine d’années passées dans le bassin de Commentry) quand il livra pour la première fois à la communauté scientifique ses observations géologiques sous la forme d’une série de quatre notes à l’Académie des Sciences, présentées aux Séances des 16 mai, 30 mai, 20 juin et 18 juillet 1881 :

- Etude sur le terrain houiller  de Commentry.

- Sur le terrain houiller de  Commentry ; expériences faites pour en expliquer la formation.

- Etude sur le terrain houiller  de Commentry, sa formation attribuée à un charriage dans un lac profond.

- Sur l’origine des troncs d’arbres fossiles perpendiculaires aux strates du terrain houiller.

 

L’ensemble sera repris en 1886 dans son œuvre majeure,

- Etude sur le terrain houiller de Commentry,

avant d’être résumé en 1888 dans le Bulletin de la Société Géologique de France :

- Résumé de la théorie des deltas et Histoire du Bassin de Commentry.

La production est peu abondante (six titres : quatre courtes notes, un mémoire conséquent - plus de 500 pages, 25 planches admirables - et son résumé) et ramassée (1881 - 1888).

Les notes de 1881, forcément concises, rassemblent déjà l’essentiel du propos, dès leur titre : étude, expériences, lac profond, terrain houiller, Commentry. En y joignant la Note de 1888, on y ajoute théorie des deltas et l’apport de Fayol se trouve (presque résumé).

 

Regardons de plus près, dans notre langage d’aujourd’hui, les contenus de ces publications. Les quatre premières ont été, bien entendu, rédigées dans un même mouvement.

 

16 mai 1881

Mise en question de la théorie dominante :

Le terrain houiller de Commentry présente, dans son ensemble comme dans ses détails, de nombreuses particularités qui ne peuvent s’expliquer d’une manière plausible par la théorie généralement admise de l’horizontalité primitive des dépôts avec affaissements successifs du sol…

Les faits géologiques :

A l’Est on rencontre une couche, d’abord très mince, qui se renfle peu à peu, et de laquelle se détachent successivement un grand nombre de ramifications, dont huit constituent à l’Ouest des couches exploitables. Ces ramifications vont en s’écartant les unes des autres… puis elles disparaissent, soit en s’amincissant, soit en passant graduellement au schiste…

La réunion de huit couches en une seule implique la disparition de tous les bancs intercalés. Cette disparition est graduelle et ordinairement accompagnée d’un changement dans la nature des bancs…

Hypothèse alternative :

Ces divers faits… paraissent naturels, au contraire, et s’expliquent facilement si l’on admet que tous les matériaux… ont été charriés par les eaux et déposés dans un lac profond pendant une période géologique tranquille.

Contrôle expérimental :

On peut d’ailleurs reproduire tous ces faits, au moyen d’expériences très simples qui confirment cette dernière hypothèse.

 

30 mai 1881

Le protocole expérimental :

Pour étudier les lois qui président à la formation des dépôts lacustres, j’ai fait les expériences suivantes : un bassin à niveau constant reçoit un cours d’eau dans lequel on a jeté les matières qui doivent constituer le dépôt…

Les faits constatés :

Dans l’eau dormante, les sédiments forment un delta qui se compose de deux parties : l’une extérieure, déposée par le cours d’eau sur son lit ou sur ses rives, hors du bassin ; l’autre, immergée.

La partie extérieure, qu’on peut appeler fluviatile, s’épaissit par couches à peu près horizontales et s’étend à mesure que progresse le delta. Quant à la partie immergée, qui est généralement de beaucoup la plus importante, voici comment elle se constitue : arrivés au bord du bassin, les éléments denses et grossiers tombent les uns sur les autres en prenant une assez forte inclinaison, qui peut s’élever jusqu’à 40° ; les éléments plus ténus ou plus légers vont plus loin avec une pente de plus en plus faible. A mesure qu’on s’éloigne de l’embouchure du cours d’eau, le dépôt est moins incliné et les éléments grossiers font place au sable plus fin, puis à l’argile et aux végétaux… Dans ces conditions, les bancs de la partie supérieure du bassin, perdent peu à peu de leur puissance et leur inclinaison, et changeant de nature, se rapprochent de la couche de végétaux et disparaissent successivement au contact de cette couche…
A mesure que le delta s’étend, la partie supérieure du dépôt vient charger les couches inférieures composées d’argile plastique et de végétaux incomplètement tassés. Il en résulte des déformations variées…

L’analogie avec le terrain :

On peut reproduire ainsi, artificiellement, la série complète des dépôts lacustres que présente la nature, et qui se relient d’un côté aux dépôts fluviatiles, de l’autre aux formations marines.

 

Dans ces deux Notes, Fayol traite bien entendu du Bassin houiller de Commentry, sa référence constante, mais plus encore il propose une interprétation dynamique de la sédimentation houillère, dans un environnement lacustre (et même au-delà), ses expériences corroborant ses observations de terrain. Il fonde là sa théorie des deltas

Cette seconde note donne en quelques phrases une description claire de l’anatomie sédimentaire des corps deltaïques et du fonctionnement de l’appareil : architecture des dépôts, passages latéraux des faciès, progradation de l’ensemble, esquisse de l’idée de compaction.

 

 

20 juin 1881

Paléogéographie :

Dès maintenant je crois pouvoir tirer de mes études la conclusion suivante : tous les matériaux qui constituent le terrain houiller de Commentry ont été charriés par les eaux et déposés dans un lac profond pendant une période géologique calme…

Application pour l’exploration et l’exploitation :

De grands intérêts industriels sont attachés à une connaissance exacte de la théorie de la formation des terrains houillers… On comprend que les chercheurs de houille qui s’appuyaient sur l’horizontalité primitive des dépôts avec affaissement du sol aient éprouvé dans le centre de la France de nombreuses déceptions, compensées quelques fois, il est vrai, par des découvertes imprévues.

 

Au-delà du coup de patte (on comprend… déceptions…), on retrouve la démarche du praticien qui mobilise les processus génétiques dans le but d’une application industrielle (la recherche orientée, dirions-nous à l’Ecole des Mines…).

 

18 juillet 1881

Cette quatrième note n’a pas, semble-t-il, l’ampleur des trois précédentes. Le sujet en paraît presque anecdotique : Sur l’origine des troncs d’arbres fossiles perpendiculaires aux strates du terrain houiller.

Elle constitue en réalité une réfutation d’un argument fort des opposants à l’allochtonie générale défendue par Fayol des matériaux des séries houillères, végétaux compris.

Ses contradicteurs, non mentionnés dans cette Note mais on les retrouvera plus tard, affirment que ces troncs d’arbre debout témoignent en fait de massifs forestiers en place, de sols de végétation avec racines en position dans le sédiment, observation évidemment incompatible avec l’hypothèse d’un dépôt dans un lac profond.

 

Mise en question de la théorie dominante :

Il est généralement admis que les troncs d’arbres fossiles que l’on trouve debout dans le terrain houiller… ont été enveloppés de sédiment et fossilisés au lieu même de leur croissance. J’ai pu observer un assez grand nombre d’arbres debout dans le bassin de Commentry, et j’ai acquis la conviction que ces arbres avaient été charriés et déposés au fond des eaux, comme tous les autres éléments constitutifs du terrain houiller…

Les faits géologiques :

Autour des tiges, les strates sont fréquemment courbées et relevées comme pour former un cône dont l’axe serait l’axe même de la tige…

On voit que les arbres debout du terrain houiller de Commentry sont ordinairement dans les grès, quelquefois dans les poudingues, rarement dans les schistes ; on n’en a pas encore rencontrés dans les couches de houille. Les arbres couchés sont au contraire extrêmement nombreux dans les schistes, peu abondants dans les grès et rares dans les poudingues…

L’expérience :

En jetant dans l’eau une fougère commune, récemment arrachée, de 1 à 2 m de hauteur… on la voit d’abord prendre la position verticale et rester en suspension la racine en bas ; puis elle s’enfonce jusqu’au fond …Si l’on abandonne des fougères semblables dans un courant d’eau chargé de sédiments minéraux… dans un bassin de dépôt, on retrouve ces fougères dans le dépôt… Avec leurs racines denses et fermes, leur longue tige à tissu central lâche et leur sommet couronné d’une ombelle de grandes feuilles légères, la plupart des arbres de l’époque houillère devaient se comporter dans l’eau comme les fougères dont je viens de parler…

 

On le voit la démarche didactique d’Henri Fayol est la même que dans les Notes précédentes : mise en question de la théorie dominante, exposé des faits géologiques, contrôle expérimental et affirmation de la théorie alternative.

 

Son ouvrage majeur, Etude sur le terrain houiller de Commentry, publié en 1886-87 au Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale, constitue un mémoire exemplaire. Un Résumé en sera donné en 1888 au Bulletin de la Société Géologique de France, à l’occasion d’une Réunion sur le terrain, avec visite d’affleurements de tranchées.

 

On y retrouve les bases posées dans les quatre Notes de 1881, mais aussi :

-          de remarquables descriptions et figurations des objets géologiques observés par Fayol,

-          un compte rendu détaillé, et illustré, des multiples expériences réalisées,

-          une reconstitution précise et dynamique des paléogéographies successives, 

-          une approche des vitesses de sédimentation et de la durée de fonctionnement du bassin,

-          une perception précoce du phénomène de compaction,

-          des commentaires sur l’accueil reçu par ses idées,

-          une mention des travaux antérieurs aux siens.

Ces deux derniers points étaient absents des Notes de 1881 et seront examinés ci-après.

 

Il ne servirait à rien de citer ou de paraphraser les descriptions des corps sédimentaires ; la reproduction de quelques illustrations empruntées à son Mémoire suffit à convaincre de la pertinence de l’observateur (figures 1, 2 et 3) : les participants à l’excursion de 1888 qui visitèrent les tranchées en furent bien convaincus.

 

Figure 1 : Coupe de la Tranchée St Edmond (noter les passages latéraux de faciès de la houille aux schistes et aux grès et l’amincissement corrélatif vers la gauche) [Fayol, 1886, planche 6, figure 6]

 

 

 

Figure 2 : Coupe de la Tranchée de Forêt (noter les passages latéraux de faciès et les déformations syn-dépôt) [Fayol, 1886, planche 9, figure 1]

 

 

 

Figure 3 : Coupe de la Tranchée du Pré Gigot (noter les passages latéraux de faciès, les biseaux et les troncatures) [Fayol, 1886, planche 7, figure 4]

 

 

Les expériences sont non seulement convaincantes, scientifiquement (figures 4, 5 et 6), mais aussi impressionnantes par les moyens mis en oeuvre :

-          le bassin servant aux expériences de sédimentation mesure 120 mètres de longueur, pour 3,5 m de largeur et 1,2 m de profondeur (il fait partie d’une ancienne laverie) ;

-          le devenir des matières organiques charriées par les cours d’eau est simulé dans un cylindre en fonte… (dans lequel Fayol a) introduit des cailloux anguleux… des feuilles, des branches, du bois, des écorces de fougères et de sapin… de l’eau…, cylindre animé d’un mouvement de rotation…

Au bout de huit jours, les feuilles étaient réduites en bouillie, les fragments de bois et d’écorce avaient de l’usure… Au bout de 50 jours, les fragments de bois et d’écorce avaient perdu la moitié de leur volume primitif… Au bout de 360 jours, toutes les matières végétales formaient avec le limon minéral une boue noire qui desséchée avait l’apparence de certains schistes houillers… (p. 401)

-          les effets de la température et la pression sont examinés de façon analogue : j’ai fait quelques expériences dans le but de constater les effets de la chaleur, de la pression et de la nature des sédiments qui enveloppent les matières organiques. Des débris végétau … des animaux… ont été placés dans les diverses conditions suivantes : au fond d’un tube de 60 m de hauteur, pendant 1 an ½, pendant 3 ans ½, dans un récipient de 1 m rempli d’eau dont la température a oscillé entre 90 et 100 degrés, dans une chaudière renfermant de l’eau à 150°... pendant 8 mois… ces expériences ont donné lieu aux observations suivantes…

 

 

 

 

Figure 4 : Expérience de progradation (noter les indentations de faciès, les passages latéraux, les variations de pendage et de courbure des dépôts successifs [Fayol, 1886, planche 20, figure 17]

Figure 5 : Expérience de progradations successives (noter la superposition des séquences sédimentaires, les troncatures, les variations de pendage et de courbure des dépôts successifs, l’amincissement général vers l’aval [Fayol, 1886, planche 20, figure 24]

 

 

 

Figure 6 : Expérience de progradations successives avec obstacle (noter les évolutions de faciès , les variations de pendage et de courbure des dépôts successifs, l’amincissement général vers l’aval [Fayol, 1886, planche 24, figure 17]

 

Les processus et les conditions du dépôt sont présentés, et illustrés,… comme nous le ferions aujourd’hui (figures 7 et 8), avec un souci didactique affirmé qui rapproche notamment l’ancien, l’actuel et l’expérimental.

 

 

Figure 7 : Paléogéographie - le fonctionnement du Lac de Commentry et le rôle des deltas [Fayol, 1886, planche 4, figure 2]

 

Figure 8 : Comparaison entre des exemples de deltas naturels et des deltas artificiels produits expérimentalement en bassin étroit (confinement) ou illimité [Fayol, 1886, planche 25]

 

 

Deux points retiennent encore mon attention :

- la mesure du temps, avec l’estimation de vitesses de sédimentation et de la durée de vie du Bassin de Commentry (tableau 1).

 

 

Tableau 1 : Estimation de la durée des dépôts dans le Bassin de Commentry (noter la valeur de 170 siècles !) [Fayol, 1886, son tableau p. 321]

 

 

- l’intuition du rôle de la compaction dans l’évolution du sédiment, avec des figurations qui permettent de mesurer le taux de compaction (figures 9 et 10).

 


 


 


Figure 9 : Compaction de la houille autour d’un galet de granulite : on peut mesurer un taux de compaction de la houille de plus de 3 (sans doute sous-estimé) [Fayol, 1886, planche 11, figure 11]

 

Figure 10 : Compaction autour d’un élément de charbon remanié : on peut également mesurer le taux de compaction ultérieur [Fayol, 1886, planche 11, figure 8]

 

 

 

Ces deux approches sont résolument modernes après avoir été enfouies pendant plus d’un siècle ! (relisons encore Fayol, p. 324 : On connaît les calculs d’Elie de Beaumont : l’illustre savant a compté qu’une couche de bois sans interstices, si elle pouvait être changée en houille sans perte de carbone, diminuerait d’épaisseur dans le rapport de 1 à 0,228  [ce qui se traduit par un taux de 4,4], la Grande couche, avec ses 25 m de puissance …)

 

 

 

II. L’accueil reçu par les idées de Fayol et l’état des connaissances vers 1880.

 

Si l’on s’en tient au Rapport de la Commission de l’Académie des Sciences de 1893, les idées d’Henri Fayol sont absolument neuves.

 

Si on l’écoute en 1886 :

Telles sont les idées que j’ai exposées succinctement à diverses reprises [1881]. Accueillies d’abord avec la prévention qui s’attache ordinairement aux idées nouvelles, elles ont été moins contestées à partir du moment où M. de Lapparent leur a donné l’appui de sa grande autorité [Traité de Géologie, 2° édition, 1885].

Le double courant d’opinions qui s’est manifesté à ce sujet peut être résumé dans les deux extraits suivants :

M. Grand’Eury disait, en 1882 : M. Fayol , inventeur d’une nouvelle théorie de la formation lacustre en eau profonde… croit être parvenu, par des expériences imitées de celles de M. Constant Prévost, à expliquer la formation du bassin de Commentry par l’arrivage simultané de toutes sortes de débris… Les rapports des couches de houille avec les roches ne sont pas ceux-là, et au bout des stériles il n’y a pas de houille… Pour les besoins de sa théorie, il soutient que les arbres debout ne sont pas à leur endroit natal. Cependant, à la tranchée de l’Espérance, j’ai vu des racines complètes en place …

 

M. de Lapparent a dit, en 1886 : Pour la grande majorité des couches de combustible, une seule théorie, celle de M. Fayol, est en mesure de rendre compte de toutes les particularités observées.

 

Il ajoute :

La théorie des deltas que je soutiens n’est pas absolument nouvelle, elle a été entrevue par les premiers savants qui se sont occupés de la houille. [Il évoque Jussieu, Buffon] Je crois qu’on y reviendra lorsque les phénomènes sédimentaires seront mieux connus.

 

Il est clair que l’accueil de ses confrères (et de ses maîtres à l’Ecole des Mines de Saint- Etienne) ne fut pas unanimement positif.

 

Mais pour autant s’agissait-il d’idées absolument nouvelles, tant sur le plan des processus de sédimentation deltaïque que sur celui de la compréhension des dépôts houillers ou de la démarche expérimentale ? L’horizontalité originelle des dépôts était-elle un axiome partagé par l’ensemble des géologues, vérité fondamentale qu’il fallait d’abord contester ?

 

Sans doute pour Fayol lui-même, dans ses premières observations :

Au début, à ma sortie de l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, tout imbu de la théorie des tourbières que je venais d’apprendre, je fus surpris de rencontrer, à chaque pas, des phénomènes incompréhensibles. Peu à peu, j’acquis la conviction que la théorie des tourbières est fausse, et je crus reconnaître que le terrain houiller de Commentry s’est formé dans un lac, comme se forment actuellement certains deltas lacustres.

Mais cette conception attaquait l’hypothèse de l’horizontalité primitive des couches sédimentaires, considérée jusqu’ici comme l’une des vérités fondamentales de la géologie ; avant de l’adopter, je me livrai à une étude approfondie des phénomènes qui s’accomplissent à l’embouchure des cours d’eau. Cette étude me prouva que les bancs houillers se sont déposés sous toutes les inclinaisons comprises entre zéro et quarante degrés…

            [Etude sur le terrain houiller de Commentry, 1886, introduction]

 

Mais dans ce même ouvrage, il cite directement ou au second degré, une série de travaux et débats antérieurs qui donnent un cadre à ses propres résultats.

 

Partant de ses références, complétées par un accès aux sources et quelques ajouts, on peut (sans prétendre être exhaustif) remonter progressivement d’une cinquantaine d’années.

 

 

Fayol souligne, en 1886, l’appui d’A. de Lapparent dans son Traité de Géologie, 2° édition, 1885.

L’auteur cite bien Fayol qui identifie dans les deltas la partie neptunienne recouverte de la nappe alluviale qui marque la conquête progressive du bassin par le delta.

 

 

 

Figure 11 : Coupe d’un delta torrentiel par de Lapparent, 1883 [sa figure 33]. Noter les pendages sédimentaires obliques et l’évolution de la courbure vers l’aval.

 

 

Mais la figure 44 de de Lapparent était déjà présente à l’identique dans l’édition de 1883 qui ne mentionnait pas Fayol (sa figure 33, ici figure 11 ), mais était accompagnée du texte de la page 192 :

Lorsqu’un cours d’eau torrentiel vient déboucher dans un lac, il doit donner naissance à un cône de déjection immergé… Bientôt… le cône immergé forme en avant du talus de débris… un promontoire, conique, capable de garder une inclinaison beaucoup plus raide que celle des cônes à l’air libre… Ce promontoire s’accroît par couches successives appliquées les unes sur les autres suivant la même inclinaison, qui peut aller jusqu’à 35°… Quant aux plus gros galets… à partir du moment où le cône immergé a commencé à se constituer avec sa pente normale, ils ne peuvent plus se déposer qu’à sa surface…

Le trait caractéristique de ces deltas est la superposition d’une couche horizontale de gros galets à un ensemble d’assises très inclinées de sable et de gravier. Sur les rives de certains lacs… de Genève, de Brienz, de Lugano… des formations de ce type apparaissent aujourd’hui à l’air libre… mais cette inclinaison va en diminuant à mesure qu’on s’approche de l’extrémité du dépôt où les sables deviennent de plus en plus fins ; au pied du cône, les assises de sable sont tout à fait horizontales et finissent par être recouvertes d’un limon vaseux.

De pareils deltas peuvent se former sous la mer… Tel est le cas du Var…

 

 

Colladon décrivait en 1875 les Terrasses lacustres du Lac Léman et (la) constitution de la terrasse d’alluvions sur laquelle est construite la ville de Genève :

            Il résulte de ces données théoriques

-          que la constitution finale intérieure de tout delta produit par une rivière torrentielle… doit se composer de couches successives notablement inclinées…

-          que toutes les couches inclinées se terminent brusquement sur un niveau supérieur presque horizontal, qui correspond au niveau même du lac à l’époque de la formation du delta,

-          que le couronnement final du delta… sera formé de gros graviers ou de galets disposés par couches à très peu près horizontales…

Les thèses ci-dessus résultent, en grande partie, d’idées et d’observations récentes ou nouvelles [note infra-paginale : les deux premières seules font peut-être exception, car elles ont dû être implicitement entrevues par la plupart des géologues qui se sont occupés de la formation des deltas. Je ne crois pas que la troisième ait été indiquée avant moi].

 

 

Dausse  (1866) marque sa surprise :

A la rencontre du lac… l’apport de l’affluent se dépose et progresse toujours en talus roide,… et forme ainsi des couches parallèles de la forte inclinaison du talus.

Quelque élémentaire que soit cette théorie, le géologue, jusqu’à elle, aurait pu attribuer l’inclinaison des couches alluviales dont il s’agit à un soulèvement, et l’on voit à présent quelle serait son erreur. Mais est-il possible qu’une chose aussi simple… ne soit, que je sache, écrite nulle part ?

Mais cette lacune que j’ose accuser… un modeste habitant d’Omegna, Antonio Nobili, devait la combler avant moi…

 

Dausse se trompait, plusieurs auteurs l’ont précédé.

 

 

De Wegman (1850)

entretient la Société d’une expérience qu’il a faite en Savoie, l’été dernier, dans le but de rechercher, par voie d’analogie, si des couches sédimentaires ont pu se déposer au fond des eaux sur des plans inclinés.

Dans un bassin… fond factice… pentes… 40 degrés… des couches alternantes s’étaient régulièrement moulées sur le fond du bassin…

Il pourrait n’être pas toujours nécessaire de recourir à des soulèvements… pour expliquer l’inclinaison de certaines couches s’appuyant sur d’autres en stratification discordante… enfin qu’on pourrait déduire de ce mode de sédimentation par couches inclinées la contemporanéité de couches déposées à des niveaux différents.

 

Sa communication déclenche une belle empoignade.

 

M. Constant Prévost… a lui-même fait à diverses reprises des tentatives analogues… et dans tous les cas il est parvenu à obtenir des dépôts successifs nettement séparés… sur des pentes de 20, 30 et  35 degrés… depuis longtemps il a communiqué les résultats de ces essais dans ses cours et à la Société elle-même… la non-horizontalité des dépôts sédimentaires ne prouve pas toujours leur dislocation

C’est par des actions de ce genre que M. Constant Prévost cherche depuis longtemps à se rendre compte… des dépôts houillers… il est incontestable que chaque lit de charbon est réellement contemporain d’un lit de grès et d’un lit de schiste et vice versa et que chaque moment, si court qu’il puisse être supposé, a pour représentants à la fois les trois substances charbonneuse, arénacée et argileuse.

 

Tout est dit dans ces quelques mots. Si bien qu’en 1886 Fayol écrit :

Je poursuivais depuis longtemps ces études… lorsque la lecture de la discussion précédente m’apprit que j’étais, sans le savoir, un disciple de Constant Prévost. Si les idées que cet illustre géologue a émises… avaient prévalu, les erreurs que je combats seraient depuis longtemps abandonnées.

 

Pendant ce temps, toujours en 1850, Elie de Beaumont rappelle que dans ses leçons au Collège de France, il a traité ces questions avec une grande étendue… il se borne à quelques remarques sur les expériences… qu’il traite de récréation géologique….

 

 

Martins communique en 1844 le résultat des mesures effectuées avec Bravais sur le delta de l’Aar, à son embouchure dans le lac de Brienz. Il décrit le

talus sublacustre dont l’inclinaison est de 30° au commencement de la pente ; mais ce talus devient de moins en moins rapide, et à 300 mètres du rivage, la pente n’est plus que de 20° environ. Le talus immergé se raccorde avec la partie horizontale du delta par un petit talus émergé dont la hauteur est d’un mètre et la pente de 10°.

           

 

 

Sortons de la littérature francophone quelques instants.

 

Avec Lyell, considéré par beaucoup comme un des pères de la Géologie. Dans ses Principes de Géologie et ses Eléments de Géologie, il traite des stratifications diagonales, fausses stratifications, stratifications entrecroisées (cross stratification) et en considère l’obliquité comme originelle. Ses figures sont explicites (figures 12a et 12b).

 

 

                                                                                                                                             a

B

Figures 12 a et b : Progradation des niveaux de 1 à 8, troncature et discordance, dépôt des niveaux de 9 à 11 [Lyell, 1941, figures 4 et 5]

 


Mieux encore : dans la seconde édition de ses Elements of Geology (1841) il décrit précisément et figure des affleurements spectaculaires situés à l’Ouest de Nice au long du torrent Magnan (fig. 13):

 

 

 

Figure 13 : Les conglomérats pliocènes progradants à l’Ouest de Nice [Lyell, 1941, figure 7]

 

 

The dip of these beds is remarkably uniform, being always southward or towards the Mediterranean, at an angle of about 25 degrees. They are exposed to view in nearly vertical precipices, varying from 200 to 600 feet in height, which bound the valley through which the river Magnan flows.

Although, in a general view, the strata appear to be parallel and uniform, they are nevertheless found, when examined closely, to be wedge-shaped, and to thin out when followed for a few hundred feet or yards, so that we may suppose them to have been thrown down originally upon the side of a steep bank where a river or Alpine torrent discharged itself into a deep and tranquil sea, and formed a delta, which advanced gradually from the base of Monte Calvo to a distance of nine miles from the original shore. If subsequently this part of the Alps and bed of the sea were raised 700 feet, the delta may have emerged, a deep channel may then have been cut through it by the river.

so that it may be safely assumed that deposits like those of the valley of the Magnan, consisting of coarse gravel alternating with fine sediment, are still in progress at many points, as, for instance, at the mouth of the Var. They must advance upon the Mediterranean in the form of great shoals terminating in a steep talus ; such being the original mode of accumulation of all coarse materials conveyed into deep water, especially where they are composed in great part of pebbles, which can not be transported to indefinite distances by currents of moderate velocity…

 

Nous reconnaissons là les conglomérats pliocènes, exposés aux entours de Nice (notamment dans la vallée du Var), avec leur pendage sédimentaire accusé, correspondant à la progradation de la partie marine du delta du Var et des torrents voisins ( 5,3 - 2 Ma) après la ré-inondation de la Méditerranée qui succédait à son assèchement fini-miocène (messinien). Il aura fallu plus d’un siècle pour revenir à l’interprétation judicieuse proposée par Lyell ! Qui met en garde contre les erreurs que l’on commettrait en supposant l’horizontalité originelle du dépôt : But were we to assume that all the strata were once horizontal…

 

 

Plus tôt encore, la controverse était déjà lancée.

 

Ainsi en 1836 De Collegno communique ses réflexions sur les expériences de MM. Rozet et de la Bèche relativement à la limite de l’inclinaison sous laquelle peuvent se former les dépôts de sédiments… Il ne croit pas… M. de la Bèche a publié récemment des expériences… Appliquant les résultats de son expérience à ce qui se passe dans les lacs alpins,… ce mode de dépôt se continuant, les strates de gravier se trouveraient bientôt recouvrir le commencement des couches de sable et d’argile, et à la fin, le centre du lac venant à être comblé, on y aurait une suite de couches presque horizontales d’argiles et de sables recouvertes par une couche tout aussi peu inclinée de strates de gravier à strates très obliques… Je ne rappellerai pas combien l’ensemble de cette disposition est fréquent dans les couches arénacées de tous les âges… l’idée la plus naturelle sur le mode de dépôt des sédiments, celle qui les représente comme formant les enveloppes successives d’un cône aplati… c’est sur le rapport entre la base et la hauteur de ces cônes qu’ont roulé longtemps les discussions des géologues. Or cette question me paraît complètement résolue… [dans le sens d’un angle très faible]

A l’opposé :

M. Rozet : il n’est pas étonnant que les dépôts de sédiment puissent se former sur des surfaces assez inclinées…

M. Boubée soutient qu’il s’est formé et qu’il se forme encore au fond des mers… des couches régulières ayant une certaine inclinaison.

M. de Beaumont objecte [déjà !]M. Boubée ne persiste pas moins…

 

 

Il est vraisemblable que l’on pourrait remonter plus avant, et pas seulement dans les publications en langue française (La Société Géologique de France a été créée en 1830).

 

 

On retiendra de cette brève revue de travaux antérieurs que les idées exprimées par Fayol n’étaient pas absolument neuves (y compris dans leur application à la genèse des séries houillères), et que leur expression dans les années 1880 intervenait dans une controverse déjà ancienne.

Dans ses premières Notes de 1881, dans les années d’observation et d’expérimentation antérieures, Fayol ignorait sans doute ces travaux qu’il ne cite qu’en 1886.

Et qui allaient à l’encontre de l’enseignement qu’il avait reçu.

Ceci n’enlève rien ni à la pertinence de ses observations géologiques ni à la brillante démonstration expérimentale à laquelle il s’est, avec sa culture d’ingénieur, livré.

Ni, bien entendu, à l’utilisation de ces concepts par l’exploitant habile qu’il était.

 

 

 

III. Qui se souvient de Fayol géologue aujourd’hui ?

 

On pourrait, sans grand risque de se tromper, répondre : pratiquement personne !

 

Un sondage approfondi sur le Net le montre bien, de même que l’examen des listes de citations de nombreuses publications, ou encore les réactions d’étudiants ou de collègues : Fayol ?…       

 

Interrogez delta : vous trouverez partout Gilbert, avec des références de 1885 et/ou 1890.

Dans les cours et les publications, dans toutes les langues, on décrira des Gilbert-deltas…, mais jamais des Fayol-deltas !

 

G.K. Gilbert fut un remarquable géologue nord-américain, en charge notamment de la direction du Service Géologique naissant.

Ses contributions scientifiques furent nombreuses, diversifiées et pertinentes.

Une des premières, et des plus citées, concerne les traits morphologiques des bordures de lacs [The topographic features of Lake shores] ; elle fut publiée en 1885 et reprise, sans modification, dans son ouvrage "classique" de 1890 consacré au Lac Bonneville.

 

Ses illustrations de l’agencement des strates dans un delta sous-lacustre et leurs commentaires sont explicites (figures 14  et 15):

 

 

 


Figure 14 : Coupe idéale d’un delta [Gilbert, 1885, figure 4]

 

 

 

Figure 15 : Les structures sédimentaires dans un delta [Gilbert, 1885, figure 4]. On parlerait

aujourd’hui de top-sets, fore-sets et bottom-sets.


 

 

The slope of the delta face merges by a curve with the slope of the bottom beyond …

As the delta is built lakeward, the steeply inclined layers of the delta are superimposed over the more level strata of the lake bottom and in turn come to support the gently inclined layers of the delta plain…

The characters of the fossil delta… are as follow : the upper surface is a terrace with the form of an alluvial fan. The lower slope or face is steep, ranging from 10° to 25° ; it joins the upper slope by an angle and the plain below by a gentle curve. The line separating the upper from the outer slope or face is horizontal and… is approximately a circular arc… The structure as seen in section is tripartite…

 

Qu’y a-t-il de plus que dans Fayol qui décrivait ces objets quelques années plus tôt ?

Et que dans les travaux de ses prédécesseurs, de Lapparent,… voire Lyell… ? Rien sans doute.

 

Alors, pourquoi cet oubli ? Les raisons sont sans doute à la fois banales et multiples.

Sans ordre :

-          H. Fayol était ingénieur (des Mines) et se mêlait de géologie. En observateur averti, mais aussi en expérimentateur, en physicien. En praticien, avec le souci de l’application industrielle.

-          Il combattait, avec détermination, les idées (encore) dominantes [l’axiome de l’horizontalité originelle…] défendues peu avant par des sommités peu contestées (Elie de Beaumont…).

-          Les géologues français des séries houillères qui lui succéderont s’intéresseront plus aux séries paraliques du Nord et de l’Est de la France, oublieront ou négligeront l’approche sédimentologique…

 

-          Les géologues anglophones ignorent parfois les travaux publiés en français…

-          Le vocabulaire anglais est plus compact, plus direct que le nôtre (topset, foreset, bottomset)…

-          Les concepts et la terminologie nord-américaine s’importent très bien, et l’on oublie les travaux  des pionniers…

 

-          Nul n’est prophète en son pays…

 

Et pour conclure

 

Au terme de cette revue des travaux géologiques d’Henri Fayol, resitués dans leur contexte, doit-on retenir les propos louangeurs de 1893 [Par l’introduction, dans la Science, d’une idée absolument neuve… M. Fayol a rendu d’importants services à la Géologie…] ou les laisser dans l’oubli. Ou plutôt laisser dans l’ombre cette composante de l’ingénieur et du chef d’entreprise.

 

Certes il ne fut pas le premier à émettre une telle théorie des deltas (quand on reprend l’historique de telle ou telle découverte soudaine, il est fréquent d’en retrouver, après coup, des prémices…). Notamment en France, où, comme on l’a vu, les précurseurs furent nombreux.

Ni le premier à observer, ni le premier à expérimenter.

 

Mais le premier sans doute à en éprouver une telle nécessité pour conduire au mieux son exploitation, mettant en œuvre les moyens correspondants avant de théoriser ses découvertes. Et de les proposer à la communauté scientifique.

 

Il n’a pas, de nos jours, dans le domaine sédimentologique et particulièrement des deltas, la notoriété qu’il mériterait - pour le moins - de partager avec le célèbre G.K. Gilbert. Cette injustice pourra-t-elle être réparée ?

 

Mais si je me garde bien de commenter l’ingénieur habile, je souscris sans réserve à l’expression forte de géologue perspicace employée à son endroit.

 


Références

 

 

Colladon D., 1875.

Terrasses lacustres du Lac Léman et constitution de la terrasse d’alluvions sur laquelle est construite la ville de Genève.

Bull. Soc. géol. France, 3, III, p. 661 - 667.

 

De Collegno, 1836.

Bull. Soc. géol. France, 1, VII, p. 116 - 120.

 

Dausse B., 1866.

Bull. Soc. géol. France, 2, XXIII, p. 449 - 453.

 

Fayol H., 1881.

Etude sur le terrain houiller de Commentry

Comptes Rendus des séances de l’Académie des Sciences, 16 mai 1881, 92, p. 1172 - 1175.


Fayol H., 1881.

Sur le terrain houiller de Commentry ; expériences faites pour en expliquer la formation.

Comptes Rendus des séances de l’Académie des Sciences, 30 mai 1881, 92, p. 1296 - 1298.

 

Fayol H., 1881.

Etude sur le terrain houiller  de Commentry, sa formation attribuée à un charriage dans un lac profond.

Comptes Rendus des séances de l’Académie des Sciences, 20 juin 1881, 92, p. 1467 - 1470.

 

Fayol H., 1881.

Sur l’origine des troncs d’arbres fossiles perpendiculaires aux strates du terrain houiller.

Comptes Rendus des séances de l’Académie des Sciences, 18 juillet 1881, 93, p. 160 - 163.

 

Fayol H., 1886-87 .

Etude sur le terrain houille de Commentry.

Bulletin de la Société de l’Industrie Minérale, tome XV, 543 pages et Atlas de 25 planches.

 

Fayol H., 1888.

Résumé de la théorie des deltas et Histoire du Bassin de Commentry

Bull. Soc. géol. France, p. 968 - 1005.               

 

Gilbert G.K., 1885.

The topographic features of Lake shores.

U.S.G.S.  5th annual report, p. 75 - 123.            

 

Gilbert G.K., 1890.

Lake Bonneville.

U.S.G.S. Monograph 1, 438 p.

 

de Lapparent A., 1883.

Traité de Géologie, 1° édition.

 

de Lapparent A., 1885.

Traité de Géologie, 2° édition.

 

Lyell C., 1840.

Principles of Geology, 6th edi.

 


Lyell C., 1841.

Elements of Geology, 2nd ed.

 

Mallard, 1893.

Rapport présenté à l’Académie des Sciences pour l’attribution du prix Delesse.

Comptes Rendus des séances de l’Académie des Sciences, 93, p. 920 – 922.

 

Martins, 1844.

Note sur le delta de l’Aar, à son embouchure dans le lac de Brienz.

Bull. Soc. géol. France, 2, II, p. 118 - 122.

 

De Wegman, 1850.

Bull. Soc. géol. France, 2, VII, p. 353 - 363.

 

 

Liste des figures et tableaux

 

Figure   1. Coupe de la Tranchée St Edmond

 

Figure   2. Coupe de la Tranchée de Forêt

 

Figure   3. Coupe de la Tranchée du Pré Gigot

 

Figure   4. Expérience de progradation (n° 24)

 

Figure   5. Expérience de progradations successives (n° 33)

 

Figure   6. Expérience de progradations successives avec obstacle

 

Figure   7. Paléogéographie - le fonctionnement du Lac de Commentry et le rôle des deltas

 

Figure   8. Comparaison entre des exemples de deltas naturels et des deltas artificiels

 

Figure   9. Compaction de la houille autour d’un galet de granulite 

 

Figure 10. Compaction autour d’un élément de charbon remanié 

 

Figure 11. Coupe d’un delta torrentiel par De Lapparent, 1883

 

Figure 12a et b. Progradation, troncature et discordance

 

Figure 13. Les conglomérats pliocènes progradants à l’Ouest de Nice

 

Figure 14. Coupe idéale d’un delta

 

Figure 15. Les structures sédimentaires dans un delta

 

Tableau 1. Estimation de la durée des dépôts dans le Bassin de Commentry

 

 

 

 

 

Bernard BEAUDOIN

Ecole des Mines de Paris, CGES-Sédimentologie

35 rue Saint-Honoré, 77305 Fontainebleau cedex

tél. : 01 64 69 49 24 –fax : 01 64 69 49 87


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