Thomas EGLESTON (1832-1900)

Photo ENSMP

Bachelor of Arts. Ancien élève étranger externe de l'Ecole des mines de Paris (entré le 4/7/1856, il en sort le 7/6/1859 et reçoit le certificat le 25/6/1861, classé 2). Décédé en janvier 1900. Voir le bulletin de notes de Egleston.

Professeur de minéralogie et de métallurgie à Columbia en 1864 , il créa la Columbia School of Mines. Il vice-présida l'Académie des Sciences de New-York et présida l'association des ingénieurs des mines des Etats-Unis. Il est l'auteur d'un grand nombre de publications.

Thomas EGLESTON est un grand donateur de l'Ecole des mines de Paris (voir ci-dessous).

Depuis 1939, l'Université de Columbia attribue une médaille annuelle à un de ses anciens élèves ingénieurs. Cette médaille, dénommé "Egleston Medal", est la plus haute récompense pour un ancien élève.


Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des Mines, avril 1900
Extrait de l'Engineering and Mining Journal, n° du 20 janvier 1900, page 74. Traduit par BURTHE, ancien élève de l'Ecole des Mines de Paris.

Thomas Egleston, fondateur de l'École des Mines de l'Université de Colombia et pendant trente-trois ans professeur de minéralogie et de métallurgie a cette école, est décédé, en sa résidence de New-York, le 15 janvier 1900, à l'âge de soixante-sept ans, après plusieurs années de maladie.

Il était né à New-York, le 9 décembre 1832, d'une vieille famille du pays, dont les membres avaient servi avec distinction pendant la guerre de l'Indépendance. Il entra au collège de Yale en 1850, y prit ses grades en 1854, et, peu après, vint étudier l'exploitation des mines et la métallurgie à l'École des Mines de Paris, où il fut diplômé en 1860. Son goût pour la minéralogie et la géologie, les sciences de prédilection de toute sa vie, se développa pendant ses années de séjour à l'étranger; le jeune ingenieur fut employé pendant quelque temps dans une des collections paléontologiques de Paris où il se fit nombre d'amis. A son retour en Amérique, il fut conservateur des collections minéralogiques et métallurgiques de la Smithsonian Institute et s'occupa en même temps de l'exploitation de mines.

La création d'une École des Mines à New-York avait été plusieurs fois agitée vaguement et sans succès, quand Egleston, en mars 1863, forma un projet qu'il soumit aux directeurs du Collège Colombia et qui, accueilli au début sans grande sympathie par quelques membres de la Direction, fut cependant adopté. Au mois de décembre suivant fut autorisée la nomination d'un professeur non rémunéré et une somme de 500 dollars votée pour les frais d'installation. Le 1er février 1864, Egleston était nommé professeur de minéralogie et de métallurgie, fonctions qu'il occupa jusqu'au 1er juillet 1897.

On eut souvent recours a ses lumières pour des services publics ou privés. En 1866, il faisait, pour le chemin de fer Union-Pacific, un rapport sur les ressources et la géologie d'une partie du Nebraska. Membre en 1868 de la commission d'examen des fortifications des États-Unis, il fit partie en trois occasions des commissions de vérification des monnaies. En 1873, il allait à Vienne comme membre du jury de l'Exposition universelle.

Membre influent du Lyceum of National History, actuellement l'Académie des Sciences de New-York, depuis 1861, il fut un des fondateurs de l'American Metrological Society, où d'année en année, il se fit avec plus de vigueur le champion du système métrique, et de l'American Institute of Mining Engineers, dont il devint président en 1887.

Il reçut de nombreuses marques honorifiques dans le cours de sa longue carrière; le gouvernement français le nomma chevalier, puis officier de la Légion d'Honneur.

Ecrivain abondant, il publia plusieurs ouvrages de minéralogie et surtout de métallurgie, et de nombreux articles disséminés dans les journaux techniques.

Professeur dévoué, sa sincérité lui conquit toujours le respect de ses élèves qui sentaient, derrière ses formes un peu graves et sévères, une grande bienveillance et le désir d'être juste.

En dehors de ses occupations professionnelles, Egleston consacrait beaucoup de temps et d'attention dans nombre d'entreprises philanthropiques où il montrait les mêmes dispositions bienveillantes et l'énergie qu'il déployait dans tous les champs où s'exerça son activité.

En 1897, sa santé compromise l'obligea à la retraite, il devint professeur honoraire, mais ne se désintéressa ni de l'École des Mines, ni des progrès de la science. Ses anciens élèves et amis, répandus sur toute la surface du pays, apprendront sa mort avec un sincère regret.


Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des Mines, juin 1900. Par P. Lemonnier, président de l'association des anciens élèves de l'Ecole.

Il est de toute justice que nous y ajoutions ce que nous connaissons de lui [Thomas EGLESTON] vis-à-vis de nous, de notre pays, et spécialement vis-à-vis de l'École des Mines.

Egleston a constamment manifesté ses excellents sentiments envers nous Français sous deux formes bien caractérisées :

D'un côté il a reçu et guidé avec la plus grande bonté tous nos compatriotes qui sont allés le voir à New-York, leur prodiguant ses conseils relativement aux voyages qu'ils faisaient dans cet immense pays.

De l'autre côté son esprit a repassé souvent l'Atlantique eu sens inverse pour témoigner à l'École des Mines sa reconnaissance pour tout ce qu'il y avait appris.

Cela s'est traduit par une correspondance fréquente avec M. Haton, le distingué directeur de l'École des Mines, à l'occasion de nombreux envois d'ouvrages ou d'échantillons minéralogiques pour les collections ou la bibliothèque de l'École.

Puis en dernier lieu Egleston manifesta l'intention formelle de léguer toute sa collection minéralogique à l'École des Mines de Paris.

Cependant il réfléchit que l'accomplissement de ses intentions présentait bien des difficultés.

S'il avait fait avant sa mort cette expédition de sa collection, il eût été bien tranquille sur les soins qui auraient été apportés à cette opération, puisqu'il y aurait présidé lui-même, mais alors il se serait privé pendant ses derniers jours de tous ces échantillons aimés.

S'il s'était décidé à ce que l'envoi ne fut fait qu'après sa mort, il eût été fort inquiet pendant ses dernières années de l'insuffisance de soins apportés à l'opération, c'est alors qu'il eut recours à un troisième moyen : il conserva sa collection, mais en échange il fit à l'École des Mines : une première fois un don généreux de 5.000 dollars, et une seconde fois encore un don généreux de 5.000 dollars, soit en totalité environ 51.000 francs (en représentation de la valeur de sa collection) avec la condition que la rente en fût employée au mieux des intérêts minéralogiques chers au généreux donateur.

Il n'est vraiment que trop juste de faire connaître à tous de si beaux exemples qui honorent à la fois le donateur et le bénéficiaire, et je remercie Monsieur le Directeur de notre École, si aimé de tous, d'avoir mis le Président de notre Association à même de mettre en lumière la belle pensée d'Egleston, ainsi que la solution non moins belle qu'il a trouvée pour l'exécution de cette pensée.


Thomas Egleston
par Ferd. GAUTIER

Bulletin de l'Association amicale des anciens élèves de l'Ecole des Mines, 1901

Les Annales des Mines et le Bulletin de notre Association amicale ont déjà parlé d'Egleston. C'est à un point de vue un peu dilïërent que nous ferons rentrer notre camarade étranger, dans le travail que nous faisons ici.

Quand Egleston faisait ses études de dernière année à l'École des Mines, j'étais en préparatoire ; c'est dire que je n'avais aucune raison pour avoir des relations avec lui. Je me rappelle parfaitement sa haute stature, avec sa grande distinction. Les camarades de son temps, aux souvenirs desquels je faisais récemment appel, me disaient que c'était un charmant caractère, d'une grande énergie de volonté avec beaucoup de douceur. Il avait comme Coxe, mais à un moindre degré peut-être, cet air aimable et un peu joyeux, que les Allemands appellent lebensfroh (content de vivre) et que nous sommes un peu étonnés de rencontrer dans la race anglo-saxonne , car nous ne nous rendons pas assez compte des changements apportés dans son caractère par la traversée de l'Atlantique et l'émigration.

Egleston était un grand travailleur, qui, en étudiant toutes les branches de l'enseignement s'adonnait plus spécialement a la minéralogie et à la géologie. Comme l'a dit M. Sauvage dans les Annales des Mines, Egleston avait a treize ans, une collection de minéraux et de roches qu'il avait rassemblée lui-même; ainsi, quoique son oeuvre, à voir la liste de tout ce qu'il a publié, ait un caractère presque encyclopédique, ses débuts sont tout minéralogiques, dès sa rentrée en Amérique : Catalogue de minéraux de la Smithisonian Collection. - Classement des minéraux d'après leurs bases. - Classement des silicates. - Diagrammes accompagnant une série de leçons de cristallographie. - Cours de minéralogie, etc., etc. Aussi, le voyons-nous, quand il était à notre École, être chargé, déjà, concurremment avec un autre de nos camarades, de faire un premier triage dans les nombreux échantillons rapportés par Chancourtois, de son voyage aux régions Scandinaves avec le prince Napoléon.

Après des études classiques à Yale Collège, Egleston étudia plus particulièrement la chimie aux cours de Silliman, puis il voyagea pour sa santé ; il vint à Paris, où, après avoir débuté en suivant des cours de géologie et de chimie au Jardin des Plantes, il vint à l'Ecole des Mines. De retour à New-York en 1861, il s'occupa, d'abord, de classification et de rangement de collections de minéralogie.

A cette époque il y avait en Amérique peu d'écoles scientifiques ; on ne connaissait que la Sheffield School de Yale, la Lawrence Foundation de Harvard, l'Institut Polytechnique de Rensselaer à Troy, avec quelques autres beaucoup moins importantes. C'est alors qu'Egleston eut l'idée de créer une École des Mines et de Métallurgie à New-York.

Il faut croire que le moment était favorable et que l'homme, qui devait mener à bien cette oeuvre, s'était enfin rencontré dans la personne de notre ancien camarade ; son idée fut accueillie favorablement et on débuta modestement avec un cadre de vingt élèves et trois professeurs, dans les vieilles constructions de Columbia College, dans la 49e rue. Egleston professait la minéralogie et la métallurgie; Vinton, le génie civil et Chandler, la chimie.

Ceci se passait au 15 novembre 1864; on reconnut rapidement, par l'affluence des élèves, que l'établissement répondait à un besoin; l'enseignement y était pourtant onéreux; car, si les professeurs y étaient peu ou point rétribués, avec l'argent que versaient les élèves, il fallait faire face à toutes les dépenses, puisqu'on était indépendant de l'État.

Il ne saurait y avoir de bonne école de mines sans collection minéralogique et il était à présumer que le fondateur n'oublierait pas ce chapitre. En effet, Egleston porta tous ses soins à rassembler, par achats, échanges ou donations, près de 100.000 exemplaires, qu'un choix plus sévère ramena au nombre respectable encore de 30.000. Il avait outre cela, lui-même, une collection particulière de grande valeur de 6 à 7.000 pièces remarquables ; il la légua à son école peu de temps avant sa mort. L'ensemble de ces richesses minéralogiques porte maintenant le nom de Musée minéralogique d'Egleston.

Faute de rencontrer un autre titulaire convenable se contentant d'un salaire aléatoire au début de la fondation de cette école des mines, Egleston se chargea aussi du cours de métallurgie ; cette circonstance nous valut son bel ouvrage en deux volumes : Métallurgie de l'argent, de l'or et du mercure aux Etats-Unis. Commencée en 1887 par l'argent et continuée en 1890 par l'or et le mercure, cette publication, d'un caractère exclusivement américain du Nord, que les nombreux voyages de son auteur avaient rendue si exacte, a déjà perdu une grande partie de sa valeur d'actualité. On ne fait plus guère d'amalgamation d'argent en ce pays, le Washoe et le Reese River process sont allés retrouver les neiges d'antan ; la lixiviation par les hyposulfites, dont Egleston parle déjà avec tant d'intérêt, n'a fait que se développer. L'extraction des métaux précieux a changé de forme, la fusion plombeuse, la fusion sulfureuse, la fonte cuivreuse sont maintenant les préliminaires de l'extraction de l'argent et de l'or ; à mesure que les moyens de transport se multiplient et que les combustibles minéraux s'abaissent de prix au pied de l'usine, il se fait un classement dans les méthodes ; on adopte finalement celle qui joint, au moindre prix de revient, le moindre gaspillage de la richesse naturelle. La chloruration des minerais grillés, la cyanuration et l'emploi du brome, etc., ont changé la face de la métallurgie de l'or et une promenade de quelques heures à Cripple Creek (Colorado) vous met au courant de tous ces nouveaux modes de traitement que n'a pas pu connaître à temps pour les décrire le professeur de métallurgie de Columbia Collège. C'est surtout dans cette branche de l'art de l'ingénieur, qu'on peut dire, si on veut suivre le progrès : il faut marcher, il faut, courir.

On sait la concurrence que se font le broyage aux pilons et la pulvérisation aux broyeurs à boules ; tout d'abord l'installation dans le premier cas est au moins deux fois plus chère que dans l'autre, mais comme le prix de revient du broyage d'une tonne peut arriver finalement à coûter moitié moins cher avec les pilons qu'avec les moulins, l'hésitation n'est pas longue. Sans arriver à formuler une conclusion aussi nette, qui sera l'expression de la vérité tant qu'on n'aura pas réussi à faire des boules et des enveloppes en métal qui soit inusable, Egleston s'est demandé si cet insuccès des broyeurs n'était pas dû à un essai insuffisant en Amérique ; car, il avait été témoin en Europe d'un succès relatif de ces pulvérisateurs ; il n'a pas vu que dans les cas favorables aux broyeurs, il s'agissait toujours de matières relativement peu dures. On voit, par ce détail insignifiant de la carrière d'Egleston, comment il cherchait, par ses voyages, par ses relations et par ses lectures à servir de trait d'union entre les deux mondes ; ses nombreux écrits, dans le School of mines quarterly ou Journal trimestriel de l'École des Mines, en sont la preuve, ainsi que ses communications si fréquentes à l'Américan Institute of Mining Engineers et que nous trouvons dans les Transactions. Disons, en passant, qu'il fut, avec Coxe et Rothwell, un des fondateurs de cette association si remarquable par l'étendue, la variété et la valeur des travaux qu'elle publie. Membre du Conseil en 1871, il fut longtemps vice-président et enfin président en 1887 seulement.

Revenons à la carrière scientifique d'Egleston.

C'est à lui que l'on doit la découverte de la présence du tellure dans certains cuivres d'un laminage difficile. Il a poursuivi pendant plusieurs années des études sur la genèse de l'or dans les placers. En Amérique du Nord, où les filons de Californie ont remplacé, après épuisement, les riches placers qui avaient l'ait la fortune de ce pays vers 1848, on fut frappé depuis longtemps de la différence de composition chimique entre l'or d'un filon et l'or du placer ou dépôt détritique auquel sa destruction semble sans aucun doute avoir donné naissance. La grande différence porte surtout sur la teneur en argent, qui est plus considérable dans le filon, le titre en or pur est moins élevé. La méthode la plus rationnelle, la seule qui aurait dû venir à l'esprit, était de chercher, pour quelles raisons physiques ou chimiques, l'or d'une même provenance était passé d'une composition à l'autre. Dans l'impossibilité de trouver une explication plausible, on était arrivé, par des déductions dont nous ne comprenons guère pour notre part l'enchaînement, à la conviction, aux Etats-Unis, que l'or des placers avait dû se former sur place, puisque le métal précieux n'avait pas la même composition chimique que dans le filon.

Ëgleston, au lieu de réagir contre ce sophisme, entra hardiment dans cette voie périlleuse et il perdit plusieurs années de sa vie à préparer et à suivre des essais de précipitation d'or métallique dans des dissolutions de chlorure d'or avec des agents réducteurs divers. Ce qu'il faut retenir de ces travaux d'Egleston, ce n'est pas que le pétrole peut être un réducteur du chlorure d'or, nous savions, déjà, que les matières organiques, le charbon entre autres, jouaient ce rôle d'une manière très active ; mais c'est que la plupart des sulfures peuvent être, avec le temps, un réducteur du chlorure d'or.

Voilà le point important sur lequel il a appelé l'attention par ses nombreuses expériences, qui, hâtons-nous de le dire, ne jettent aucune lumière sur la question qu'il se posait et cela suffira cependant pour qu'elles ne soient pas oubliées.

Pour nous, la question, comme on la présentait, n'était pas résoluble. Il n'est pas rationnel de se creuser la tète pour trouver comment il pourrait se produire, dans un torrent qui charrie des blocs de plusieurs mètres cubes et les transforme en gravier et en sable fin, un dépôt de pépites de forme plus ou moins irrégulière. Nous sommes habitués, au contraire, quand nous abordons, timidement comme il convient, tout ce qui est relatif à la genèse des minéraux, à songer aux actions lentes, aux transformations successives où le temps intervient comme un facteur important.

Admettons, puisque c'est un fait, que l'or d'un placer renferme moins d'argent que celui du filon générateur.

Nous pouvons en chercher deux explications sans suivre la voie qu'Egleston n'a pas inventée, mais que nous lui reprochons d'avoir adoptée sans la discuter.

Supposons un filon quartzeux, ce qui est le cas le plus général ; on sait que la minéralisation suivant la profondeur y est loin d'être homogène et constante; elle décroît toujours et quelquefois d'une manière effrayante et décourageante à mesure qu'on descend. Donc, il est possible de supposer, puisqu'il n'y a pas d'homogénéité suivant la verticale, que les parties superficielles du filon, celles où l'or s'est le plus concentré (comme une sorte d'écume en relation avec le niveau hydrostatique de la région), renfermaient de l'or plus pauvre en argent que dans les parties plus profondes, et ce sont évidemment ces parties superficielles qui ont pu donner naissance au placer. Reste à montrer, par des exemples de filons, dont la crête n'ait pas été enlevée par des érosions, que l'or du sommet est moins argentifère que celui de la profondeur.

Ceci est une première direction. Il en existe une autre, qui nous semble préférable et que nous allons développer.

Quand on examine avec soin des pépites on remarque que beaucoup d'entre elles, malgré leur faux aspect compact, présentent des cavités et sont souvent comme spongieuses. Ne serait-ce pas la trace d'un dissolvant chimique ayant agi sur l'argent et peu ou point sur l'or ? Il est plus facile de trouver un corps jouissant d'une propriété de ce genre, que s'il s'agissait du contraire.

On sait, que les pyrites de fer donnent, comme premier produit de leur oxydation, du sulfate de protoxyde, qui se change facilement en sulfate de peroxyde et ultérieurement encore en un sel basique avec acide sulfurique libre. Il est donc permis d'admettre que l'ancien lit du torrent qui a produit le placer, puisse être parcouru plus tard par des eaux vitrioliques où la présence d'acide sulfurique, avec une température suffisamment élevée, puisse expliquer la dissolution d'une partie de l'argent des pépites, en leur donnant l'aspect extérieur que nous leur connaissons.

Pour éclairer l'amalgamation incomplète dans certains gisements aurifères, nous devons à Egleston l'expérience suivante : une parcelle d'or pur fut divisée par lui en deux parties; l'une fut martelée à outrance sur une enclume d'acier et fut trouvée rebelle à l'amalgamation, comme s'il s'était produit un mince revêtement d'oxyde de fer, tandis que l'autre se dissolvait aisément dans le mercure. Ce fait, rapproché de la présence fréquente de peroxyde de fer à la surface de beaucoup de pépites, peut être un fil conducteur dans les ténèbres encore si compactes de la minéralisation de la plupart des gisements d'or.

Nous ne suivrons pas Egleston dans l'analyse de ses écrits si multiples et si intéressants, nous sortirions des limites que nous devons naturellement nous imposer dans une courte biographie.

Rappelons l'affection grande qu'il avait conservée pour notre École des Mines, ses libéralités bien connues pour lui donner le moyen d'enrichir ses collections. Nous laisserons à ceux qu'il a si bien accueillis dans leurs voyages en Amérique, le soin d'en garder le souvenir.

Egleston avait couronné sa carrière officielle dans son pays par le doctorat. En 1890, il était chevalier de notre ordre de la Légion d'honneur, officier en 1895 et il était question de le nommer commandeur, les négociations étant commencées quand il mourut.

A côté du savant et de l'ami de notre nation, il y avait un philanthrope. Sans parler de ses relations avec l'église protestante de Trinity Church, les missions et le General Theological Seminary, il s'occupa d'écoles pour les enfants pauvres ou abandonnés. Il s'intéressa beaucoup, constamment, à huit d'entre elles qui avaient au total plus de mille élèves. Il eut l'initiative des Food Kitchens ou Fourneaux de charité à New-York et laissa le souvenir d'un grand coeur et d'un bon citoyen dans son pays, comme chez nous d'un grand caractère, bon et reconnaissant.