André FANTON d'ANDON (1894-1968)

Fils de François Joseph Paul Alexandre FANTON d'ANDON, avocat, et de Fanny Victoire LAUTIER.
Père de Paul Henri Bernard, né le 21/7/1931 (X 1952, corps des mines).
Beau-frère de Jean Jenri Bernard de GAULEJAC (1898-1999 ; X 1917).

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1913 ; entré classé 110 et sorti classé 4 sur 181 élèves) et de l'Ecole des mines de Paris. Corps des mines.


Publié dans Annales des Mines, mai 1968. Le même texte a été publié à nouveau par La Jaune et la Rouge, no 232, décembre 1968, également sans indication du rédacteur.

André FANTON d'ANDON s'est éteint le 29 janvier 1968 après une vie consacrée au bien public aussi bien dans l'administration qu'aux Mines domaniales de Potasse d'Alsace.

Né le 11 novembre 1894 à Grasse (Alpes-Maritimes), il est reçu en 1913 à l'Ecole polytechnique. Après sa première année d'études, il part aux armées en août 1914 avec le grade de sous-lieutenant et fait campagne dans le 8e régiment d'artillerie de campagne. Promu lieutenant en août 1916, affecté, à partir de janvier 1917, à l'état-major de la 11e division d'infanterie, il est cité trois fois à l'ordre de la Brigade et à l'ordre de la Division pour son entrain, sa bravoure dans des conditions extrêmement périlleuses à Verdun, en juillet 1916, ainsi que pour ses qualités d'ordre et de méthode. De retour à l'Ecole polytechnique pour une deuxième année d'études, il sort dans le Corps des Mines. Après avoir complété sa formation à l'Ecole des Mines, il est affecté en 1921 à l'Arrondissement minéralogique de Toulouse. C'est à cette époque qu'il épousa Mlle de Gaulejac originaire de l'Agenais. De cette union devaient naître trois enfants Jacques, Bernard et Evelyne.

Chargé de mission au sein de la Mission interalliée de Contrôle des usines et des mines de la région de la Ruhr, de janvier 1923 à décembre 1924, il fait preuve dans ces délicates fonctions d'éminentes qualités d'intelligence et de tact.

En 1924, il est placé en service détaché aux Mines domaniales de Potasse d'Alsace, à l'époque où, après le régime transitoire d'administration par le Séquestre, les mines viennent d'être rachetées par l'Etat.

Alors âgé de 30 ans, André FANTON d'ANDON est ainsi appelé à seconder M. de Retz, directeur général, dont il va devenir le bras droit avec le titre de secrétaire général des Mines domaniales de Potasse d'Alsace. Il sera, en grande partie, l'artisan de la loi du 23 janvier 1937, qui fixera pour de nombreuses années le régime des Mines domaniales de Potasse d'Alsace et organisera l'industrie de la potasse en France.

Dès 1930, année qui marque le début de la grande crise économique mondiale qui s'achèvera dans notre pays par les mouvements sociaux de 1936, André FANTON d'ANDON, adjoint au directeur général, attentif à tous les problèmes, s'affirmera déjà comme un conciliateur.

Technicien averti certes, André FANTON d'ANTON, par la finesse et la sensibilité de son caractère, par la simplicité de son abord, traits qui n'excluaient pas la fermeté lorsque celle-ci s'imposait, était naturellement porté, par tempérament, à être très ouvert aux problèmes touchant au facteur humain, aux conditions psychologiques aussi bien que matérielles du travail à tous les échelons, et cette inclinaison devait lui attirer rapidement la confiance, l'estime et l'attachement de tout le personnel des potasses, tant dans le cadre hiérarchique qu'au niveau individuel ou à celui des organisations professionnelles et syndicales.

Nommé directeur général adjoint en 1937 auprès de M. Ganière, directeur général, qui avait succédé entre temps à M. de Retz, André FANTON d'ANDON sera appelé, la mort dans l'âme, à remettre la gestion du bassin d'Alsace, après les jours sombres de 1940 et dans le cadre des conventions d'armistice, à l'Administration allemande.

A compter du 1er octobre 1940, il est nommé directeur général des Mines de l'Administration centrale du ministère de la Production industrielle, fonctions qu'il occupera jusqu'au 1er décembre 1944.

Il obtient le retour en France de la plupart des ingénieurs des mines prisonniers. Il obtient, au moment de l'institution du S.T.O., le maintien en place de tous les mineurs et, avec l'accord des dirigeants des Sociétés minières, l'envoi dans leurs exploitations d'un grand nombre de jeunes qui, sans cela, auraient été obligés de partir en Allemagne et de travailler pour l'ennemi.

Dans le redoutable problème des usines S (Sperr Betrieb), le calme courage d'André FANTON d'ANDON fait merveille. Il ne fallait pas signifier un refus précis qui eût immanquablement entraîné la déportation du personnel; par de lentes et patientes négociations, André FANTON d'ANDON réussit à maintenir en place les effectifs, en retardant le plus possible les fabrications pour l'armée allemande.

En liaison constante, jusqu'à son arrestation début 1944, avec cet autre grand patriote que fut Aimé Lepercq, ministre des Finances du premier gouvernement du général de Gaulle après la libération et mort accidentellement en novembre 1944, André FANTON d'ANDON, sans gloriole inutile, mais avec douceur et obstination, défend vaillamment les intérêts de son pays.

Directeur des Mines pendant les quatres longues et pénibles années que dura l'occupation, il réussit à la fois à ne pas fournir aux Allemands de prétextes pour l'écarter de ce poste, et à recevoir, après la libération, des félicitations pour sa conduite. Tous ceux qui ont connu cette sombre période se rendront parfaitement compte du degré de maîtrise qui était nécessaire pour y réussir.

Dès le 24 novembre 1944, sans attendre la reconquête du bassin potassique proprement dit encore isolé par les durs combats de la poche de Colmar, André FANTON d'ANDON a la profonde joie de regrouper autour de lui, dans Mulhouse libérée la veille, quelques-uns des anciens et futurs responsables des M.D.P.A. dont il prendra officiellement la tête comme directeur général le 1er décembre de la même année (décret du 25 novembre 1944).

Dans cette période délicate qui allait suivre la Libération, deux tâches essentielles devaient mobiliser les énergies du technicien et de l'homme tout court, avant même de pouvoir songer à relancer la production dans le cadre d'un programme de développement cohérent et à long terme.

D'abord, entreprendre la reconstruction, oeuvre complexe et de longue haleine dans un bassin meurtri par la bataille, aux installations industrielles en partie sabotées par l'occupant et aux infrastructures sociales aux trois quarts sinistrées.

Simultanément, refaire une équipe avec des hommes marqués par l'épreuve, particulièrement sur cette terre d'Alsace annexée de fait par l'occupant; et André FANTON d'ANDON a l'occasion d'affirmer là l'esprit de modération et la hauteur de vues nécessaires aux hommes détenant alors les postes de haute responsabilité, et de manifester sa confiance aux forces vives et aux travailleurs d'une province à laquelle il se sent lui-même profondément attaché.

Ces deux tâches surmontées, André FANTON d'ANDON peut se tourner vers la réalisation du Plan décennal de modernisation et de développement qui allait aboutir à doubler la production du bassin, notamment grâce à une mécanisation rapide du matériel et à l'introduction de nouvelles méthodes d'exploitation au Fond, ainsi qu'à l'adoption de nouveaux procédés de traitement des sels de potasse au Jour.

Réintégré dans le Corps des Ingénieurs des Mines à compter du 1er janvier 1957, André FANTON d'ANDON est admis, à cette date, à faire valoir ses droits à la retraite. Il était ingénieur général des Mines depuis 1938.

Nommé directeur général honoraire des Mines domaniales de Potasse d'Alsace à la tête desquelles lui succédera Guy Delacôte, qui l'avait secondé comme directeur général adjoint, André FANTON d'ANDON conservera de nombreuses années encore d'importantes fonctions dans le monde industriel. Il présidera notamment, de sa création en 1956 jusqu'au 1er février 1965, la Compagnie française du Méthane, et il assumera auprès des M.D.P.A. jusqu'en 1961 différentes missions d'ingénieur conseil.

Officier de la Légion d'honneur, André FANTON d'ANDON était aussi titulaire des Croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945 avec plusieurs citations, de l'Ordre de Léopold de Belgique, ainsi que de la Médaille des Mines en or et de nombreuses distinctions dont celle de Chevalier du Mérite du travail.

Il est aussi l'auteur d'un important ouvrage de fond sur les M.D.P.A., rédigé en commun avec M. J.-A. Douffiagues, alors secrétaire général des M.D.P.A. (« Une exploitation industrielle d'Etat : Les Mines domaniales de Potasse d'Alsace », par andré d'ANDON et J.-A. Douffiagues, édité par le Centre national d'Information économique, 1948).