Jean Baptiste Henri JACOB (1856-1913)


Henri Jacob, élève de Polytechnique
(C) Collections Ecole polytechnique

Fils de Etienne JACOB, pharmacien major de 1ère classe d'origine bourguignonne, et de Françoise EB. Religion catholique. Taille : 1,68 m.
Frère de Louis JACOB (1861-1899 ; X 1881)

Polytechnique (promotion 1876, entré et sorti classé 3ème sur 258 élèves), Ecole des Mines (sorti classé 4ème). Corps des mines.



Jacob, élève de l'Ecole des Mines de Paris
(C) Photo collections ENSMP


NOTICE NÉCROLOGIQUE
SUR
M. HENRI JACOB
Inspecteur général des mines

par M. DELESSERT, Ingénieur en chef des Mines.

Publié dans Annales des Mines, tome IV, 1913.

Bien que, pour un subordonné, il puisse être difficile de louer son chef, j'ai vécu trop longtemps aux côtés de M. l'inspecteur général Jacob pour ne pas considérer comme un devoir de lui rendre un dernier hommage, en essayant de dire ce qu'il fut et ce qu'il a fait.

M. Jacob, décédé le 7 mai dernier, était né le 11 juillet 1856 à Lyon, où son père, pharmacien militaire, tenait garnison; mais il était de souche bourguignonne et, après quelques années passées à Chambéry, il vint terminer ses premières études au lycée de Dijon.

Admis à l'Ecole polytechnique en 1870, il en sortait, deux ans plus tard, le troisième, en qualité d'élève-ingénieur des mines; le 1er octobre 1881, il était nommé ingénieur et chargé du sous-arrondissement minéralogique de Bône. (Le département de Constantine constituait alors à lui seul un arrondissement minéralogique divisé en deux sous-arrondissements; Tissot était ingénieur en chef et assurait le service du sous-arrondissement de Constantine.)

Ce début décida de sa carrière qui, tout entière, s'est écoulée en Algérie. Le 19 décembre 1884, il était placé à la tête du sous-arrondissement de Constantine, puis appelé à la résidence d'Alger, le 31 août 1895. Assurant, depuis le 1er septembre 1897, le service de l'arrondissement constitué par la Colonie (depuis le 1er mars 1884, l'Algérie formait un seul arrondissent minéralogique, partagé d'abord en quatre sous-arrondissements, puis en trois, à compter du 31 août 1895, et de nouveau en quatre à partir du 12 janvier 1912), il fut promu ingénieur en chef le 1er janvier 1898. Le 1er mars 1911, il était chargé des fonctions d'inspecteur général et obtint ce titre le 1er octobre suivant.

M. Jacob avait, naturellement, été attaché, comme ingénieur ordinaire, au contrôle de l'exploitation technique des chemins de fer algériens ; puis il était devenu le chef de ce service et l'était resté jusqu'au 1er décembre dernier. Il avait cessé de remplir ces fonctions, parce que M. le gouverneur général l'avait désigné pour présider, à dater du 1er novembre, le conseil du réseau de l'État,

Depuis 1901, il était directeur de la carte géologique de l'Algérie et avait été nommé chevalier de la Légion d'honneur par décret du 25 juillet 1896.

Si les dates et les faits qui viennent d'être rappelés marquent les étapes d'une carrière toute simple, toute régulière et que, d'ailleurs, M. Jacob n'eût pas voulu différente, elles font mal connaître l'oeuvre accomplie et les services rendus dont je désire dire quelques mots.

Pendant l'organisation de la conquête, la principale mission des ingénieurs des mines fut d'explorer la colonie : ils en étudièrent la constitution géologique et commencèrent à dresser l'inventaire de ses richesses minérales; les noms de Fournel, de Ville, de Tissot et de Pouyanne resteront attachés à ce travail du début qui, au moins en ce qui concerne le Tell, était déjà très avancé quand M. Jacob arriva en Algérie.

Pourtant il n'est pas douteux que ce dernier, au cours de ses fréquentes tournées, recueillit encore de nombreuses données nouvelles : il s'est borné à établir la carte géologique au 1/50.000 des environs de Constance et à publier, dans les Annales des Mines, une courte note sur les gisements de phosphate de chaux du plateau de Chéria; mais on trouve, dans ses rapports, des renseignements précieux et l'éclaircissement de plus d'un point resté obscur de la géologie algérienne. Kn outre il convient de mentionner la contribution importante qu'il apporta à la connaissance des régions sahariennes : sur la demande du général Détrie, il fut chargé de rechercher, dans la direction du Gourara, une ligne bien jalonnée de points d'eaux. Le voyage s'accomplit du 11 novembre 1892 au 7 février 1893 et ne fut pas exempt de tout danger (à la suite de cette mission, M. Jacob reçut la médaille coloniale) ; sa première partie au delà de Géryville comporta la traversée des monts des Ksours pour aboutir à l'Oued-Namous, qui fut descendu durant trois jours, puis remonté; une longue course à travers la hamada permit d'atteindre à Hassi-Ouchen le grand Erg occidental dont la limite Nord fut longée jusqu'à El-Goléah ; le retour s'effectua par Ghardaïa, Ouargla et Biskra; le chemin parcouru ne représente pas moins de 2.000 kilomètres ; les nombreuses observations faites par M. Jacob ont été consignées dans des rapports restés inédits, que toutefois ont pu lire les géologues qui se sont occupés du Sahara, et en particulier M. G.-B.-M. Flamand.

Mais ces études scientifiques n'ont tenu qu'une faible place dans la carrière de M. Jacob dont l'activité s'est dépensée tout autrement.

Après quelques découvertes heureuses faites au lendemain presque de notre occupation, la recherche des mines s'était vite ralentie dans la colonie. Le succès obtenu, en Tunisie, dans l'exploration de certains amas métallifères, ranima vers 1892 l'ardeur des prospecteurs. La rapide mise en exploitation des couches phosphatées de Tébessa agit de même façon. Le département de Constantine fut alors parcouru dans tous les sens ; les affleurements nombreux gites minéraux furent signalés et des fouilles ouvertes un peu partout; des bénéfices considérables se trouvèrent parfois promptement réalisés.

A partir de ce moment de multiples et délicates questions se posèrent, que notre service eut à examiner.

La grande étendue des terres domaniales, communales et collectives de culture a souvent obligé l'administration à jouer, vis-à-vis du chercheur de mines, le rôle du propriétaire du sol et, fréquemment, elle s'est trouvée en présence de compétitions ardentes. L'indivision de la propriété indigène a fait naître des difficultés d'un autre genre, et des problèmes non moins complexes ont surgi à l'occasion de la mise en valeur d'importants gites minéraux. Enfin, le merveilleux essor de la colonie a imposé le développement de ses voies ferrées et conduit à la transformation partielle du régime des chemins de fer existants.

En qualité de chef de notre service ou dans les conseils du gouvernement, M. Jacob a activement et efficacement collaboré à l'étude de toutes ces questions importantes ; à la tâche de les résoudre ont été entièrement vouées les quinze dernières années de sa vie et, devant les difficultés toujours renaissantes, il n'a cessé de montrer d'exceptionnelles qualités d'esprit et de caractère.

Son intelligence était faite de clarté : il savait mieux que personne dégager, d'un amas confus de faits ou de dires, le principal de l'accessoire et découvrir le véritable aspect d'un problème compliqué ; tout naturellement il trouvait les solutions les plus simples.

Sa parfaite droiture et son entière franchise sont bien connues de ceux qui l'ont approché : elles l'ont imposé au respect de tous, même de ceux dont les intérêts ont pu être lésés par les décisions qu'il a provoquées.

Appréciant, d'ailleurs, l'étendue des services rendus par M. Jacob, M. le gouverneur général avait suscité et obtenu de M. le Ministre des Travaux publics et des assemblées algériennes la création, dans la colonie, d'un poste d'inspecteur général, qu'il n'a malheureusement occupé que peu de temps.

Il me reste à dire ce qu'il a été pour nous, ses subordonnés : il fut toujours le chef devant qui on n'a que plaisir à s'incliner; dans l'accomplissement de notre tâche parfois difficile, il était le guide sûr et, sans crainte de le lasser, nous pouvions avoir recours aux ressources de son esprit lumineux et de son expérience ; chacun avait confiance en son Inébranlable équité ; enfin ceux qui ont vécu à côté de lui savent quelle véritable bonté il manifestait toujours et à tous.

Par ses belles qualités, par son grand labeur et par ses services, M. Jacob a honoré le corps des mines; son souvenir vivra longtemps dans la mémoire de ceux dont il a été le chef bienveillant et qui auront à coeur d'imiter les exemples qu'il a laissés.


Louis Jacob (1861-1899, frère de François, qui travailla aux Chemins de fer algériens), élève de Polytechnique
(C) Collections Ecole polytechnique

Résumé chronolique de la carrière de Henri JACOB, par Marie-Noëlle MAISONNEUVE

21 septembre 1878, élève-ingénieur de 3e classe.

24 juillet 1880, entre elève-ingénieur de 1re classe (entre en 3e année).

4 juillet 1881, élève-ingénieur hors-concours : sort de l'Ecole des mines classé 4ème.

1er octobre 1881, sous-arrondissement minéralogique de Bône (Algérie).

24 juillet 1884 interim du service le l’arrondissement minéralogique de Constantine.

5 décembre 1884, outre ses fonctions actuelles, chargé du Service de l’exploitation de la ligne de Souk-Ahras à Sidi-el-Hemessi

19 décembre 1884 chargé du service du sous-arrondissement minéralogique de Constantine, attaché au contrôle de l’exploitation des lignes de : Constantine à Sétif, El-Guerrah à Batna, Sétif à El-Bachir, Batna à Biskra et Philippeville à Constantine. Il garde par intérim le sous-arrondissement minéralogique de Bône.

9 juillet 1885 Ingénieur ordinaire de 2e classe

14 septembre 1887, outre ses fonctions actuelles, chargé de l’arrondissement unique du controle des chemins de fer de l’Est algérien (nouvelle organisation).

12 août 1889, ingénieur ordinaire de première classe.

31 août 1895 chargé du service du sous-arrondissement minéralogique d’Alger.

17 janvier 1896, outre les fonctions actuelles, 2e arrondissement du service de contrôle de l’exploitation technique des chemins de fer algériens.

25 juillet 1896 chevalier de la Légion d’honneur

24 août 1897 mis à la disposition du gouverneur général de l’Algérie pour être chargé des services de l’arrondissement minéralogique d’Alger et du contrôle de l’exploitation technique des chemins de fer algériens.

19 janvier 1898 Ingénieur en chef de 2e classe.

18 août 1900 médaile d’or à l’aoccasion de l’Exposition universelle de 1900.

1er Juillet 1909 élevé à la 1e classe du grade d'ingénieur en chef.

1 juillet 1909 traitement élevé à 12.000 fr.

22 février 1911 chargé de remplir les fonctions d’inspecteur général des mines du gouvernement de l’Algérie.

22 août 1911 Inspecteur général des mines de 2e classe.

12 janvier 1913 chargé de l’inspection de l’Algérie, du contrôle del’exploitation technique des chemins de fer, et de la direction de la carte géologique de l’Algérie.

6 mai 1913 Décès.