Pierre Jules LION (1896-1977)


(C) Photo collection privée de Françoise TIROT-LION

Fils de André Louis LION (30/11/1858-29/10/1939 ; X 1877, ingénieur en chef des ponts et chaussées, israélite) et de Julia GOMMES. Petit-fils de Edouard Jules LION et de Augustine TRÉFOU, négociants.

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1919 Spéciale) et de l'Ecole des Mines de Paris. Corps des mines.
Marié à Daisy GOLDSCHMIDT.
Père de :

Pierre LION, eut une brillante conduite dans les deux guerres. Il s'engage dans l'artillerie en 1915 et participe aux combats de Verdun et de la Somme (quatre citations). Au début de la guerre 1939-1945, il reprend du service à l'Etat-major de l'artillerie de la 16ème division. En 1942, il rejoint les Forces françaises libres et participe au débarquement de juin 1944. Spécialiste des financements industriels, il participe au Plan pour les problèmes de financement de la sidérurgie. De 1955 à 1966, il contribue à l'équipement du Brésil. Il préside la société autrichienne "Veitscher Magnesitwerke" en 1960, et est nommé consul général honoraire de l'Autriche à Paris.


Biographie de Pierre LION

par Jean DAUVIN (X 1919 Sp)

Publié dans La Jaune et la Rouge, janvier 1978.

Pierre Lion fut l'un de nos camarades les plus marquants de cette promotion qui a tant servi notre Pays.

Fils du grand ancien André Louis Lion (X 1877 - Ponts et Chaussées) et père du camarade Antoine Louis Victor Claude Lion (X 1960, né en 1940) maintenant Frère Dominicain, il a bien perpétué la tradition polytechnicienne.

Avant de décrire son existence, moi qui fus son ami pendant près de soixante ans, je songe à ses qualités maîtresses.

Son amour d'une France pour laquelle on ne doit pas hésiter à risquer sa vie.

Sa ténacité. Je revis la soirée du 18 mai 1940, à Lille, pendant laquelle il me conta comment, pendant deux jours, sous un fort bombardement, il réussit à faire évacuer du matériel des Usines Métallurgiques de Denain avant l'arrivée, quelques heures plus tard, de l'armée allemande.

Son intelligence et sa droiture entraînèrent le dévouement de ceux qu'il commandait et suscitèrent l'admiration de tous.

Son amitié était rare et inaltérable. Il savait la témoigner dans des circonstances parfois délicates.

Son sens de l'humain et l'assistance qu'il donnait à ceux qui sont dans la peine. Il a apporté aux enfants handicapés une aide permanente. Il était membre du comité, que dirige Babinet, délégué de la promotion 1919 Spéciale, pour la distribution aux familles éprouvées de cette promotion des secours recueillis auprès des cocons.

La carrière de Pierre Lion comporte de très brillants services militaires et une réussite remarquable dans le civil.

En janvier 1915, il s'engage et dès août 1915 il rejoint le front comme aspirant d'artillerie. Il participe, entre autres aux dures campagnes de Verdun et de la Somme. Son courage et ses actions d'éclat lui valurent quatre citations et en 1920, dans la cour de l'École, le Lieutenant Pierre Lion est décoré de la Légion d'Honneur.

Au début de la guerre 1939-1945, il est mobilisé à sa demande. En avril 1940, détaché au Ministère de l'Armement, il fait de nouveau preuve de son courage en accomplissant, à Valenciennes et à Denain, la mission déjà mentionnée qui lui valut une nouvelle citation.

En novembre 1942, il rejoint les Forces Françaises Libres. Ses activités s'exercent tantôt en Afrique du Nord, d'abord auprès de l'Armée américaine puis au Secrétariat de Défense Nationale, tantôt à Londres.

Le Colonel Lion participe au débarquement de Juin 1944 comme chef de la Mission Militaire de Liaison Administrative auprès de l'Armée anglaise et il reçoit en décembre 1945 une citation " for distinguished service ".

A la sortie de l'École en 1921, Pierre Lion choisit, comme sa place de second le lui permettait, le Corps des Mines.

Après l'École des Mines et cinq ans à Lille comme Ingénieur, il quitte en 1921 le service de l'État.

Une nouvelle carrière s'ouvre devant lui pendant laquelle il contribue à la création et à l'expansion de nombreuses entreprises industrielles et sert le prestige de la France à l'Étranger dans des domaines industriels et économiques.

Pour ses débuts, il ranime le Consortium Minier du Congo Niari. Ensuite il joue un rôle primordial dans la coordination et le financement de l'industrie électrique en dirigeant, à partir de 1937, le Syndicat Professionnel des producteurs et distributeurs d'énergie électrique et en créant et administrant, à partir de 1938 jusqu'à la nationalisation de 1947, le Groupement de l'Électricité.

En 1947 il entre au Groupe Schneider et il y exerce des responsabilités importantes.

Ainsi il a assumé le financement de la reconstruction et du développement de la Sté Métallurgique de Normandie, de la Sté Métallurgique de Knutange et du Chantier Naval de Dunkerque.

Cette spécialisation dans les financements industriels a été concrétisée, côté État, par sa participation au Plan pour les problèmes de financement de la Sidérurgie et, côté Schneider, par la représentation depuis 1952 de ce Groupe au Groupement des Industries Sidérurgiques.

Il a créé au Brésil, puis animé de 1955 à 1966 la société brésilienne " Mecanica Pesada ", filiale du Groupe Schneider, qui contribue à l'équipement de ce vaste pays tout en développant les exportations du Creusot vers l'Amérique du Sud.

Il fut désigné en 1960 par la Sidérurgie française pour être le Président de la très puissante société autrichienne, à majorité française, la " Veitscher Magnesitwerke " et a assumé ce poste jusque un an avant sa mort.

Pierre Lion fut également Président et Administrateur de diverses et importantes sociétés métallurgiques. Consul général honoraire de l'Autriche à Paris, il fut. à ce titre, promu Commandeur de l'ordre national autrichien " Ehrenzeichen ". Il représentait, au conseil exécutif de la Conférence Mondiale de l'Énergie, le Comité National Français dont il fut, à partir de 1936, Délégué général puis Vice-président.

La brillante conduite de Pierre Lion pour défendre son Pays, sa vie au service des grandes causes lui valurent la cravate de commandeur de la Légion d'honneur en 1972.

Sa disparition peine non seulement sa famille et ses amis mais également celui qui le considérait comme un frère.

Jean Dauvin (X 1919 Sp)



Pierre Lion, élève de Polytechnique
(C) Photo Collections Ecole polytechnique