Michel André Fernand PECQUEUR (1931-1995)

Né à Paris, le 18 août 1931 ; décédé le 12 octobre 1995.
Fils de Fernand Pecqueur, ingénieur, et de son épouse née Marguerite Grat. Epouse en 1955 Marguerite Veyries. Père de Hélène.

Ancien élève de Polytechnique (promotion 1952) et de l'Ecole des Mines de Paris. Corps des mines.

1958-1983 : CEA (administrateur général de 1978 à 1983).
1983-1989 : Elf-Aquitaine (président)
Après 1989 : membre du Conseil économique et social, vice-président de ERAP.
Vice-président de SPIE-Batignolles et administrateur d'Usinor-Sacilor à partir de 1993.

L'un des principaux responsables de la politique énergétique française. En 1958, il entre au CEA, et dirige la construction de l'usine de Pierrelatte (1958-1964) et participe à la conception du procédé d'enrichissement isotopique de l'Uranium par diffusion gazeuse ; il dirige l'enrichissement de l'Uranium jusqu'en 1970 ; puis il dirige la mission des applications industrielles nucléaires ; administrateur général adjoint en 1974, il devient adminstrateur général du CEA (successeur de André Giraud) et président de COGEMA en 1978. Homme du nucléaire, c'est sous sa présidence que le CEA maîtrisera le cycle du combustible. En 1983, il est nommé à la présidence d'Elf-Aquitaine où il restructure la chimie, le raffinage et développe la pharmacie. Vice-président de l'Entreprise de recherches et activités pétrolières (Erap) en 1989, et membre du Conseil économique et social.

Commandeur de la Légion d'honneur.


Publié dans Revue des Ingénieurs MINES, juillet 1996

Allocution prononcée par M. Gilbert RUTMAN aux Obsèques de M. PECQUEUR le 17 octobre 1995

Mon Cher Michel,

C'est au nom de tous tes anciens collaborateurs, collègues, confrères et amis d'Elf Aquitaine, au nom aussi de l'industrie pétrolière française que je viens l'adresser, dans cette église, un dernier salut, un dernier adieu.

Adieu de nos cœurs étreints par le chagrin de ta disparition prématurée, nous qui nous souvenons, et nous souviendrons, de cette période faste - de juin 1983 à juin 1989, où, sous ta direction, le Groupe Elf Aquitaine a connu un nouvel essor, un nouveau bond en avant.

Certes les soucis ne t'ont pas été épargnés et j'en témoigne : des crises que tu ne pouvais soupçonner sont venues te frapper, mais tu as su les dominer avec ton autorité sereine, ta détermination, la confiance que tu savais inspirer à tes troupes et réciproquement.

Tu étais un grand vrai modeste, qui détestait le battage politico-médiatique et répétait « qu'il faut faire plutôt que dire et agir plutôt que paraître ». C'est ce à quoi tu t'employas et c'est pourquoi tu laisseras le souvenir d'une présidence paisible sous laquelle la production pétrolière du Groupe a régulièrement cru - répondant à la vocation première d'Elf - sous laquelle Elf Atochem, filiale chimique, a émergé et acquis une réputation internationale, sous laquelle Sanofi. filiale santé, a développé ses activités au service de la vie, sous laquelle - détail qui peut paraître déplacé dans ce lieu Saint - les bénéfices ont quasiment doublé, mais c'est l'expression de la bonne santé de l'entreprise, la promesse de lendemains assurés pour son personnel.

C'est sous ton mandat que la recherche scientifique, l'innovation, la protection de l'environnement ont été encouragées.

Tu avais une haute idée de tes responsabilisés humaines et sociales : les agents le savaient et peu de conflits sociaux sont venus troubler tes années d'exercice.

Tu savais motiver, impliquer le personnel, donner les plus larges délégations, sans pour autant renoncer à ton droit de contrôle.

Tu laisseras un souvenir comparable - mutatis mutandis - à ces rois qui ne faisaient pas la guerre, laissaient prospérer le royaume, garnissaient le Trésor Public, rendaient équitablement la justice et s'étaient fait aimer du peuple.

Certaines mauvaises habitudes françaises t'ont privé de ton poste en 1989 : tu as accusé le coup -je peux le confirmer, mais à l'extérieur tu n'en as rien laissé paraître et en serviteur de la République, tu t'es incliné et a continué à servir : c'est dans des moments aussi pénibles qu'il est permis de découvrir la grandeur d'un homme.

A ta grandeur, à ta bonté naturelle j'ajouterai le sens de l'amitié : j'en ai bénéficié sans défaillance. C'est pourquoi ce soir, plus que tout autre, je pleure avec l'assistance qui entoure ton cercueil, un véritable frère des Hommes.


Michel Pecqueur a fait l'objet de critiques dans le livre de Roger Vincent Aiello, Dans les coulisses d'Elf Aquitaine. Il semble que, en vieillissant, il dirigeait de moins en moins Elf, laissant son adjoint Gilbert Rutman aux commandes. Corpulent, il lui arrivait fréquemment de s'endormir à la fin des repas. Après son remplacement par Loïk Le Floch-Prigent (juin 1989), il aurait poursuivi comme consultant de son ancienne société et reçu une sorte de complément de retraite défiscalisé par l'intermédiaire de EAI, filiale suisse d'Elf.