René PERRIN (1893-1966),
par Marcel ROUBAULT

Bull. Soc. Géol. de France (7), IX, 1967, p. 313-319.

Notice lue à la séance du 5 juin 1967

Le 15 janvier 1966 disparaissait un de nos membres d'une hauteur de vue exceptionnelle qui fut à la fois un très grand savant et un novateur dans deux domaines distincts : la Métallurgie et la Géologie, René Perrin, commandeur de la Légion d'honneur, grand-croix de l'Ordre du mérite, membre de l'Académie des sciences.

René Perrin est né à Grenoble le 16 juin 1893. Admis parallèlement et dans les plus brillantes conditions aux deux concours de l'École normale supérieure et de l'Ecole polytechnique, il se trouve alors pour la première fois de sa vie devant un dilemne qu'il aimait à rappeler : choisir l'École normale et la recherche scientifique, ou l'École polytechnique et une carrière industrielle.

Tenté par la première alternative, il opte néanmoins pour l'École polytechnique pour des raisons d'ordre familial. « Ce sont les larmes de ma mère écrit-il un jour, femme de polytechnicien mort jeune, à la pensée qu'elle ne me verrait pas sous l'uniforme traditionnel, qui m'ont fait changer d'avis. »

Après deux années d'études, il est classé dans le Corps des mines. Mais la première guerre mondiale vient interrompre ses études et en particulier son stage réglementaire à l'École des mines ; il est mobilisé en 1914 comme officier d'artillerie, puis blessé grièvement en 1915 et peu après affecté au ministère de l'Armement où il servira sous les ordres de l'un de ses aînés, membre éminent du Corps des mines, qui deviendra plus tard Inspecteur général, le commandant Crussard.

La guerre terminée, il effectue enfin comme élève-ingénieur les deux années réglementaires à l'École des mines. Puis se pose pour lui un problème de choix. Rapidement reconnu pour ses remarquables qualités intellectuelles, on lui offre d'occuper la chaire de Physique de ce grand établissement d'enseignement supérieur. Mais hélas, le salaire affecté à ses fonctions était si minime qu'il lui fallait parallèlement assumer une fonction au service ordinaire des Mines de Paris.

Placé ainsi devant la nécessité de prendre une décision étroitement associée à des contingences bien matérielles, il abandonne le Corps des mines et entre aux Aciéries d'Ugine. Et c'est ainsi, écrit-il plus tard, que pour la deuxième fois le sort écarta le professorat de ma route.

Au cours de son passage à l'École des mines, René Perrin fut profondément marqué par l'influence de deux grands savants, l'un et l'autre amis de sa famille, qui le prirent en affection et jouèrent un rôle déterminant dans l'orientation de ses travaux futurs. Dans l'immense domaine de la chimie minérale, Henry Le Châtelier, au cours de ses leçons de chimie, lui inculqua le goût des applications de la Science à l'Industrie, en même temps qu'il l'initia à une méthode scientifique rigoureuse se résumant en ces mots « déduction logique basée sur l'observation ». Dans un tout autre domaine, Pierre Termier sut lui communiquer un attrait profond pour la géologie, attrait resté longtemps sans lendemain et qui, heureusement pour notre Science, se révélera un jour à la faveur de circonstances que j'évoquerai plus loin.

Certes, il n'est pas dans mon propos de développer aujourd'hui devant les membres de la Société géologique de France les aspects multiples de la carrière de René Perrin métallurgiste. Néanmoins, il serait impensable que je ne situe pas en quelques mots le rôle extraordinaire de savant novateur et d'inventeur qu'il joua dans le développement de la science des aciers et plus particulièrement des aciers inoxydables.

René Perrin, dont la carrière métallurgique brillante le conduisit en définitive aux fonctions de Président-Directeur général de la Société d'électrochimie, d'électrométallurgie et des aciéries électriques d'Ugine, l'un des plus puissants groupements français du domaine sidérurgique, fut le grand Patron animant à Ugine un groupe de jeunes ingénieurs auxquels il sut donner la passion de la recherche ; il s'orienta rapidement vers la nécessité d'accélérer les réactions sidérurgiques, imaginant le brassage du métal liquide avec des laitiers synthétiques fondus à l'avance ; rapidement, montrant que l'on pouvait obtenir l'équilibre entre le métal et le laitier au cours d'une opération dont la durée était de l'ordre d'une minute, il fut le créateur d'une métallurgie rapide qui devait avoir sur le plan national et international des conséquences remarquables.

C'est en effet, durant la cérémonie au cours de laquelle lui fut remise en 1949 la grande médaille Le Châtelier de la Société française de métallurgie, que Léon Guillet soulignait - sans forcer les mots - la comparaison qui pouvait être faite entre la découverte de René Perrin et celle de la déphosphoration par le procédé Thomas, l'une « des découvertes les plus extraordinaires du siècle dernier ».

Or, c'est précisément au cours de ses recherches d'ordre métallurgique, qu'un beau jour une observation fortuite le ramena vers les Sciences de la terre. Son collaborateur, Castro, observa en effet de petits cristaux de grenat dans des inclusions de l'acier, observations que René Perrin mit immédiatement en relation avec une théorie émise par le métallurgiste Portevin et suivant laquelle ces inclusions avaient la même nature que le laitier en équilibre au moment de leur formation.

De cette observation fortuite et de cette liaison avec l'idée de Portevin, René Perrin passa sans transition à une idée nouvelle sur la formation de l'écorce terrestre. Ce fut le sujet de sa première note d'ordre géologique aux Comptes rendus de l'Académie des sciences, note dans laquelle il développait le thème suivant : « La répartition des corps entre noyau et écorce terrestre a été déterminée non pas par un classement par densité suivant les idées émises à l'époque et d'ailleurs classiques de son maître De Launay, mais par un gigantesque équilibre métal-laitier-atmosphère et donc essentiellement en conséquence par l'affinité des corps pour l'oxygène. »

L'extrapolation était certes d'envergure ; et outre l'intérêt qu'elle présentait sur le plan scientifique, montrait le pouvoir de la pensée de l'homme.

A partir de ce moment, la liste de ses publications sera un mélange constant de publications d'ordre métallurgique et d'ordre géologique.

Je ne puis certes, au cours de la brève évocation de l'oeuvre d'un homme qui fut pendant près de 30 ans mon ami, aborder par le détail tous les aspects de son oeuvre exceptionnelle.

Je voudrais surtout éviter de développer de façon inopportune ce qui est relatif aux travaux que nous avons signés en commun, depuis le jour où grâce à l'heureuse entremise de l'ingénieur général des Mines, Gaston Bétier, alors directeur du Service de la carte géologique de l'Algérie, j'eus la très grande joie - jeune chef de travaux à la Sorbonne - de me voir proposer par celui qui était déjà un Maître une collaboration qui restera l'un des souvenirs les plus chers de ma carrière.

Certes, au cours de la rédaction de 35 notes ou mémoires, nous avons abordé ensemble bien des problèmes allant de la genèse du granite et des pegmatites à l'étude du métamorphisme du Trias dans les Alpes - métamorphisme qui a fait depuis l'objet de plusieurs publications convergentes d'autres auteurs - et qui nous valut pourtant les foudres des Maîtres d'alors. Et j'évoquerai cette collaboration surtout pour la situer sur le plan de la plus profonde affection, associant de grand coeur à la mémoire de mon ami la délicatesse et le charme de l'accueil de Mme Perrin, si souvent le témoin bienveillant de nos discussions au cours de tant d'heures passées dans son foyer.

Mon propos essentiel sera par contre de rappeler en les situant dans leur véritable cadre les idées de base émises par René Perrin, idées originales qui, je tiens à le dire, influencèrent pour une large part l'oeuvre commune à laquelle je viens de faire allusion.

Les mémoires fondamentaux de René Perrin dans le domaine des Sciences de la terre sont essentiellement deux mémoires qu'il publia l'un en 1934, l'autre en 1935 aux Annales des Mines, et qui s'intitulent : « Extrapolation à la géologie des données métallurgiques » et « Le métamorphisme générateur de plissement ».

C'est d'ailleurs le premier qui contient en germe et en puissance l'essentiel des idées introduites par René Perrin en Géologie, le deuxième n'étant, pour une large part, qu'une conséquence du premier. A la base, se trouvent les observations qu'il fît précisément au cours des essais métallurgiques qu'il effectuait dans le cadre de ses recherches aux Aciéries d'Ugine. Il fut, en effet, frappé par les échanges qui se produisaient dans des parois des fours métallurgiques demeurés incontestablement solides et cela au cours d'opérations de durée très courte. « Force est bien de conclure, écrit-il alors, même dans ce temps très court d'une demi-heure à une heure, et dans ce revêtement refroidi, qu'il se produit des échanges chimiques entre le laitier liquide et les couches superficielles de la paroi d'une part, et d'autre part, entre les portions successives de la paroi restée parfaitement solide. »

De là il passe à une comparaison rapidement faite avec plusieurs réactions à l'état solide connues dès cette époque même à basse température, le phénomène de la cémentation de l'acier ou, en sens inverse, la maléabilisation de la fonte ou l'oxydation d'un métal par diffusion de l'oxygène dans le métal solide.

Et c'est ainsi, par un enchaînement logique d'observations qu'il passe aux applications à la géologie de phénomènes observés au cours de la préparation des métaux.

Pour ne pas déformer sa pensée, je crois nécessaire de donner intégralement plusieurs citations caractéristiques de son mémoire. « Je me vois obligé de conclure, dit-il, que de tels échanges chimiques entre solides et liquides et entre solides seuls se sont obligatoirement produits au cours des temps géologiques, toutes les fois que des circonstances analogues se sont rencontrées, autrement dit sous la forme la plus générale, toutes les fois que des roches de composition différente et en contact ont été portées à température suffisamment élevée, l'une de ces roches étant ou non à l'état liquide. »

Et lorsque l'on relit, comme je le fis récemment, ce mémoire d'une portée exceptionnelle et que l'on réfléchit aux tendances actuelles de la géologie, et aux faits successifs dont l'emploi des méthodes physico-chimiques modernes nous impose la réalité, on ne peut qu'être confondu devant la somme de faits, aujourd'hui reconnus, qui se trouvaient en puissance dans les idées émises alors par René Perrin.

Il aborde successivement les aspects les plus divers des phénomènes pétrographiques, qu'il s'agisse de phénomènes d'altération superficielle ou qu'il s'agisse des phénomènes se produisant en profondeur. Il montre la possibilité de substitution de cristaux les uns aux autres, la possibilité de déplacements de matière, sans que ces déplacements entraînent la nécessité, comme cela était alors unanimement admis, d'une phase liquide. Il montre comment on peut imaginer la naissance des phénocristaux dans le cadre des idées nouvelles.

Bref, il projette sur la pétrographie un faisceau de lueurs qui devait se révéler d'une extraordinaire portée. Bien plus, il aborde les problèmes fondamentaux de la métallogénie. N'est-il pas remarquable à ce propos de le voir exprimer en 1934 une idée qui est aujourd'hui à la base des conceptions modernes sur la genèse de bien des gisements métallifères sinon de la plupart d'entre eux : « Les considérations précédentes m'ont conduit à la notion des rassemblements, spécialement en bordure de massifs, dans les zones de contact, sous l'influence d'actions chimiques, d'éléments qui existaient auparavant à l'état de traces dans des étendues de terrains peut-être considérables. » Et plus loin, à propos des gisements sulfurés, en avance de trente années sur ses contemporains, il écrit : « Ces amas de sulfure résulteraient, dans cette hypothèse, eux aussi du rassemblement par voie chimique de quantités à l'origine disséminées dans des étendues qui pouvaient être considérables. »

Il revient à plusieurs reprises sur cette idée de l'importance des traces. On sait l'importance extrême accordée aujourd'hui à la concentration des oligo-éléments. En quelques lignes, il jette ainsi les bases de l'un des chapitres essentiels de la métallogénie actuelle.

Sur un autre plan enfin, s'appuyant toujours sur une comparaison avec les observations faites en métallurgie, il montre l'importance considérable que peut avoir au cours des réactions et des diffusions qui se sont passées dans une masse solide, ce que l'on peut appeler l'histoire antérieure de la roche, c'est-à-dire le rôle que peut avoir joué, au cours du développement de réactions ou de diffusions diverses, le fait que certains minéraux aient subi antérieurement des actions mécaniques puissantes. Là encore, il pressent non seulement la valeur de phénomènes essentiels pour la pétrogenèse mais encore pour la compréhension d'aspects importants de la mécanique des roches.

Son deuxième mémoire comporte essentiellement deux parties. L'une est avant tout un développement des idées émises dans le premier sur les réactions entre phases solides ; l'autre est une application de ses idées à l'interprétation des phénomènes tectoniques.

Dans cette seconde partie, il commence une étude critique du métamorphisme alpin et au terme de son analyse conclut : « Un seul fait est certain : la concordance du métamorphisme considéré dans son ensemble et la position des terrains dans la chaîne des Alpes. Ceci conduira à trois hypothèses possibles pour expliquer le fait : - le plissement a engendré le métamorphisme : c'est le dynamométamorphisme, mais cette hypothèse a dû être abandonnée - métamorphisme et plissement sont dus à une même cause ; c'est le point de vue classique - le métamorphisme a engendré le plissement » : c'est la théorie qu'il propose.

Et à l'appui de ces idées, il développe longuement le rôle qu'ont pu jouer les variations de volume, conséquences des réactions entre phases solides au cours des phénomènes tectoniques, ces variations de volume pouvant être dans bien des cas un moteur puissant de l'orogenèse. Là encore sa pensée devance celle de ses contemporains ; car sans faire peut-être des augmentations de volume le moteur unique de l'édification des chaînes de montagne, personne ne doute plus aujourd'hui de l'importance de ce facteur.

A partir de la publication de ces deux mémoires fondamentaux, l'oeuvre de René Perrin dans le domaine des Sciences géologiques peut être grosso modo divisée en deux parties, celle qu'il poursuivit seul, revenant en particulier à plusieurs reprises sur les considérations d'ordre cosmogonique qu'il avait développées au cours de sa première note à l'Académie des sciences, puis les travaux déjà mentionnés que nous avons publiés ensemble.

Seul, René Perrin fut en effet toujours très préoccupé par le mécanisme général de la formation du globe. C'est ainsi qu'il étudie les liaisons pouvant exister entre les météorites pierreuses et la nature des roches profondes, qu'il émet de nouvelles idées sur les anomalies de la pesanteur, qu'il approche le mécanisme des diffusions de matières au sein de l'écorce terrestre, qu'il se penche sur les causes possibles du volcanisme.

Ensemble, nous avons abordé un grand nombre d'aspects de l'évolution des roches cristallines et métamorphiques, mais je tiens à le dire, toujours dans la ligne directrice qui était en puissance dans son mémoire de 1934, mémoire qui, on ne peut l'oublier, fut considéré à l'époque comme parfaitement révolutionnaire et auquel je faisais allusion sous la forme suivante le jour où lui fut remise son épée d'Académicien : « Quel chemin parcouru depuis le jour où, véritable franc-tireur, vous extrapoliez à la géologie ce que la métallurgie vous avait appris, sans souci des critiques qui vous étaient adressées et des qualificatifs qui étaient donnés à vos idées, qualificatifs parmi lesquels le mot de fantaisiste était sans doute l'un des plus bénins. »

Tout cela est du domaine du passé. Et comme il se doit en semblable matière - ainsi vont les choses humaines - aujourd'hui bien des géologues courent à la victoire. Mais aussi, que ne peut-il désormais constater les données nouvelles qu'apportent les progrès de la géochimie appliqués aux grands massifs cristallins et qui, jour après jour, militent en faveur des concepts qu'il défendit le premier et pour lesquels nous avons travaillé côte à côte.

Certes, la théorie magmatique conserve encore des adeptes, encore que profondément transformée. Il n'empêche que l'on oublie un peu trop l'époque à laquelle on enseignait ex cathedra dans tous les cours que les roches grenues résultaient directement de la cristallisation d'un magma fondu suivant un processus qu'aujourd'hui aucun des magmatistes mêmes les plus déterminés n'oserait défendre.

Sans doute également, la physico-chimie des milieux solides a-t-elle fait depuis trente ans d'énormes progrès. Peut-être convient-il de remplacer aujourd'hui l'expression « réactions à l'état solide » par une expression différente qui pourrait être « réactions et transformations chimiques diverses en milieu stationnaire ». Nous savons tous ce qu'ont comporté de nouveau les idées modernes sur la physique de l'état solide, sur les irrégularités des réseaux cristallins avec les états d'ordre et de désordre, le problème de la naissance et de l'importance des fissures depuis les microfissures jusqu'aux fractures importantes.

Bref, comme cela est logique, les idées évoluent. Il n'en demeure pas moins que l'idée de base émise par René Perrin demeure, et son nom doit être étroitement associé à ceux des hommes qui tels que Wegmann et Backlund ont eux aussi compris, il y a bien des années, que le magmatisme traditionnel ne pouvait pas tout expliquer.

Je voudrais en terminant dégager une autre leçon des travaux de notre regretté et très savant confrère, leçon que je propose à la méditation des jeunes chercheurs de ce temps.

René Perrin, brillant élève de l'École polytechnique, formé aux disciplines mathématiques et physiques les plus rigoureuses, aurait pu laisser évoluer son esprit dans le cadre de spéculations purement théoriques ; et nous savons à quels débordements se livrent parfois aujourd'hui même certains auteurs, et non des moindres, qui, d'une compétence reconnue dans les domaines de la thermodynamique ou des équilibres chimiques, laissent volontiers divaguer leur esprit dans le cadre de ce que j'ose appeler la pétrographie théorique, allant parfois même jusqu'à presque nier l'existence de certaines roches qui ne se plient pas aux concepts qu'ils se sont créés. Ne me racontait-on pas récemment l'expression employée par un pétrographe d'une exceptionnelle compétence dans le domaine de la thermodynamique et qui placé devant un granite à andalousite aurait dit : non cela n'est pas possible...

Que l'on ne sourie pas, car hélas un nombre de pétrographes plus important que l'on ne croît adopte volontiers sans s'en douter semblable attitude.

René Perrin nous a donné une leçon tout autre. Formé, comme il le dit lui-même, aux disciplines rigoureuses de la méthode scientifique sous l'influence d'Henri Le Chatelier, qui lui imposa comme règle la possibilité de déductions logiques mais d'abord et avant tout basées sur l'observation, il se pencha sur l'interprétation possible de faits qui étaient pourtant en contradiction formelle avec les théories d'alors et qui ne pouvaient être expliqués uniquement par des mots. Et à titre d'exemple je pense ici à l'extraordinaire existence des grands cristaux de feldspath à cheval sur la bordure des enclaves ou des contacts du granite, et que sans sourciller la plupart des auteurs voyaient naître, identiques, à un bout dans une phase solide et à l'autre dans une phase liquide.

Aussi, il me paraît qu'il serait malaisé de trouver un exemple meilleur que celui que nous fournit l'oeuvre de René Perrin auquel s'appliquent à la lettre les enseignements du Discours de la méthode, lorsque Descartes énonça le principe de la table rase, nous invitant à « réviser soigneusement toutes les opinions reçues jusqu'alors ».

C'est cela, je croîs, l'une des leçons essentielles qui se dégagent de l'oeuvre de ce très grand métallurgiste et de ce très grand pétrographe. Car dans ce dernier domaine qui est le nôtre, cet outsider d'une lumineuse intelligence sut nous imposer un retour en arrière et la nécessité de remettre en discussion les dogmes considérés alors comme les plus intangibles.

Ainsi, René Perrin, partant sur les bases que lui fournissait le progrès de la métallurgie moderne dont il fut l'un des plus prestigieux Maîtres, doit aussi demeurer dans nos esprits comme l'un des meilleurs artisans des progrès de la pétrographie contemporaine.