Jacques Félix THIBAULT (1900-1969)


Thibault, élève de Polytechnique
(C) Photo Collections Ecole polytechnique

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1919 N, sorti major), et de l'Ecole des Mines de Paris (sorti classé 3 sur 5 ingénieurs-élèves). Corps des mines.
Père de Bernard Pierre Félix THIBAULT (né en 1935 ; X 1955).

Jacques THIBAULT (1919 N) (1900-1969)
par R. KOURILSKY - Délégué 1919 N

Publié dans La Jaune et la Rouge, no 244 - janvier 1970

Le 4 janvier 1970, il y a eu un an que notre camarade THIBAULT nous a quittés.

Cette disparition nous a été d'autant plus sensible que six mois auparavant nous avions déjà perdu notre Caissier Léon JACQUÉ - et nous avons tenu à évoquer le souvenir du « Petit Maj. », pendant qu'il est encore présent à nos mémoires.

D'autres que nous pourront analyser en détail la carrière de l'Ingénieur au Corps des Mines, Jacques THIBAULT, commandeur de la Légion d'Honneur, et sa réussite sur le plan professionnel.

Nous rappellerons pour notre part les faits qui ont le plus frappé nos camarades.

Sorti major, notre camarade avait choisi le seul poste d'Ingénieur au Corps des Mines métropolitain offert à la promotion.

Après une carrière administrative bien remplie, il était à Londres en 1939 à la tête de la mission française chargée d'assurer le ravitaillement en charbon de notre pays.

Il assura ce service jusqu'à l'armistice, après avoir affronté et surmonté, on devine avec quelles difficultés, les mesures restrictives résultant des hostilités.

Rentré en France, il se trouva jusqu'en 1945 à la tête de l'Organisme chargé de la répartition du Charbon. Avec une ténacité sans faiblesse, et malgré la pression de l'occupant, il parvint, au milieu de la pénurie, à sauver les centres vitaux du pays. [R. Kourilsky ne mentionne pas le passage de J. Thibault aux Charbonnages de France. Voir à ce sujet le commentaire de P. Gardent.]

En 1953, il prit la présidence de la Chambre Syndicale des Mines de Fer de France, qu'il garda jusqu'à sa mort.

Ayant trouvé chez les producteurs des Mines de Fer un esprit de corps qu'il n'avait pas toujours rencontré dans les grands Corps nationalisés, il sut l'utiliser au maximum et put faire adopter un mécanisme de formation professionnelle qui sert de nos jours de modèle.

A la présidence de la Compagnie Industrielle et Financière de Fives-Lille, il eut la charge ardue de réaliser la remise en ordre technique et financière de cette Société.

Le monde industriel se souvient du climat qui régnait alors et des difficultés sociales créées par cette réorganisation, que notre camarade parvint à mener à bien, tout en assurant du travail quasi-immédiat à tous les licenciés.

Président-Directeur Général de l'Omnium Nord-Africain, il avait eu de grosses satisfactions à résoudre les problèmes d'entreprise générale posés à cette Société.

Notre camarade a su triompher des obstacles rencontrés grâce à son intelligence profonde, sa faculté de travail, sa ténacité et sa diplomatie.

Il suffit de revoir sa photographie pour reconnaître que c'était avant tout un lutteur et un entraîneur, à qui l'affrontement n'a jamais fait peur.

Autant il était peut-être dur envers ses égaux, autant il se montrait compréhensif vis-à-vis de ses subordonnés, en particulier du petit personnel.

Il était connu pour être très serviable, ne rejetant jamais une demande d'intervention concernant des gens désemparés par les événements.

Il nous paraissait un peu secret, parlait de sa famille qu'il chérissait, et rarement de ses difficultés, mais laissait parfois percer sa satisfaction.

C'est ainsi que nous avons appris par lui ce trait, dont il était très fier : Après une dure bataille avec des délégués syndicaux à Fives-Lille, ayant l'occasion de les retrouver dans une réunion du comité central d'entreprise, il s'entendait dire : « Vous au moins, M. THIBAULT, vous êtes un vrai maître de Forges ».

Trop tôt enlevé à notre amitié, il aura, pour nous, pleinement mérité cette appréciation.