|  N° 109 - Janvier 2023 - L’électricité dans la transition énergétique Les enjeux de compétitivité industrielle de la transition  électrique  Par Hoang BUI Secrétariat général pour  l’investissement, sous l’autorité du Premier ministre
   
                  La France doit relever le défi de la  décarbonation de son économie et son effort sera d’autant plus important qu’elle  voudra non seulement maintenir, mais aussi développer son industrie. Certains secteurs, qui sont les plus  impactés, se révèlent être aussi les plus stratégiques pour notre souveraineté  et sont en outre de gros pourvoyeurs d’emplois.
 Un des leviers principaux de  décarbonation des entreprises industrielles, c’est l’électricité, soit en  utilisation directe soit au travers du vecteur hydrogène.
 La France aura besoin en 2030 de 680 kt  d’hydrogène pour décarboner son industrie et la mobilité lourde, ce qui  implique de disposer d’au moins 6,5 GW de capacités d’électrolyse installées et  raccordées au réseau électrique.
 Les projets de production d’hydrogène  s’inscrivent dans une temporalité contrainte : si l’hydrogène n’arrive pas à  temps, ses principaux clients industriels ne pourront pas se décarboner selon  le calendrier prévu, avec le risque que les grands investissements de  modernisation soient finalement abandonnés ou délocalisés. Ce serait alors tout  un pan de l’industrie française qui serait condamné à moyen-long terme.
 Si l’on considère les très grands  projets d’électrolyse de l’eau prévus en France, certains de plusieurs  centaines de MW, ils nécessitent pour la plupart un raccordement au réseau de  transport d’électricité dès 2026 ou, au plus tard, en 2027. Or, il existe  actuellement de fortes inquiétudes chez les industriels, car les délais  annoncés pour ces raccordements laissent présager plusieurs années de retard.
 Ainsi, cette difficulté d’un  raccordement au réseau de transport s’avère être un obstacle potentiellement  critique sur le chemin des grands projets de décarbonation de l’industrie.
 Dans un environnement de plus en plus  complexe et de plus en plus foisonnant, stimulé qu’il est par l’appétence des  entrepreneurs de l’hydrogène qui veulent être les premiers, alors que les  marchés ne sont pas encore matures et que les offres paraissent parfois  redondantes, il pourrait être tentant d’attendre avant d’investir dans le  renforcement du système électrique.
 Or, attendre, c’est être sûr de perdre  une partie de notre industrie, qui doit négocier de difficiles tournants  technologiques et climatiques dans un calendrier contraint. Celle-ci pourrait  donc être tentée de s’établir dans des pays offrant un système électrique plus  réactif et compétitif. À cela s’ajoutent des tensions sur l’approvisionnement  en équipements nécessaires pour réaliser ces raccordements : il faut donc agir  sans attendre pour ne pas être les derniers servis.
 Il est urgent que les parties prenantes,  à commencer l’État et le gestionnaire de réseau, travaillent sur une prise en  compte de tous les facteurs de compétitivité de notre système électrique et  partagent une vision commune des besoins de l’industrie et des projets à mener  à bien.
 
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