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                 N° 56 - Octobre 2009 - L'adaptation  au changement climatique  
                  
                 
                Editorial par  Pierre Couveinhes, 
                Ingénieur en Chef des Mines  
                  
                Le changement climatique est aujourd’hui un thème rebattu  par les médias. Mais ce numéro de Responsabilité et environnement aborde le  sujet par un de ses aspects rarement traité : l’adaptation. Ce faisant, il  soulève plusieurs questions inédites : 
                  
                - Le changement climatique est souvent considéré comme  une agression de l’homme contre une Nature réputée « bonne ». Mais  l’homme, s’interroge Michel Juffé, ne fait-il pas partie de la Nature ?  Peut-on vraiment le considérer comme un élément extérieur, qui serait, en  quelque sorte, « confronté » à elle ? 
                - La perspective d’un changement climatique suscite, en  général, les plus grandes craintes. Mais ne peut-on y voir comme un nouveau  défi lancé à l’humanité - un défi qui lui permettra, en définitive, de  progresser ? Emmanuel Le Roy Ladurie ne nous montre-t-il pas que l’homme a  su faire face par le passé à des changements climatiques particulièrement  sévères ? 
                  
                L’adaptation dont il sera question dans ce numéro est celle  qui consiste à réduire la vulnérabilité des systèmes naturels aux aléas  découlant des modifications du climat. Ce concept a longtemps été considéré  avec méfiance par les scientifiques, les ONG et certains responsables  politiques des pays du «Nord » : ceux-ci craignaient, en effet,  qu’il ne fût démobilisateur par rapport à l’autre moyen de lutter contre le  changement climatique, l’atténuation, qui consiste à agir sur les causes de ce  changement, notamment en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. 
                  
                Mais la priorité donnée aux politiques d’atténuation fait  aujourd’hui l’objet de vives critiques de la part des pays du «Sud »,  qui redoutent que ces politiques ne constituent un frein à leur développement,  et qu’on ne leur demande, en définitive, de contribuer à la lutte contre un  phénomène dont ils ne sont guère responsables. 
                  
                En tout état de cause, comme le souligne Marc Gillet, il  semble maintenant acquis que « le réchauffement climatique est déjà amorcé  […] et qu’il s’amplifiera au cours des prochaines décennies ». Il convient  désormais de s’y adapter, ainsi que le font, d’ores et déjà, de nombreux pays  développés. Plusieurs articles de ce numéro décrivent les politiques qu’ils ont  engagées à cet effet, notamment en ce qui concerne le littoral et les  grandes agglomérations. 
                  
                Mais qu’en est-il des pays du « Sud », déjà  confrontés à de multiples difficultés (en matière de santé, d’éducation, de  besoins alimentaires…), auxquels manquent les financements  indispensables ? Qu’en est-il notamment de l’Afrique, qui sera, nous  disent les experts, une des principales victimes du réchauffement climatique ? 
                  
                Certes, remédier à ces problèmes n’est pas chose simple,  car, si le changement climatique est un phénomène global, les politiques  d’adaptation doivent être menées à des niveaux déconcentrés et elles exigent  des financements sans commune mesure avec ceux que l’on consacre aujourd’hui,  par exemple, à l’aide au développement. 
                  
                Dans l’entretien qui conclut ce numéro, Paul-Henri  Bourrelier relève que la plupart des articles qui le composent débouchent sur  des questions éthiques. De fait, pouvons-nous, sans réagir, laisser les pays  les plus pauvres, donc les plus vulnérables, subir les conséquences dramatiques  d’un phénomène dont ils portent une part de responsabilité bien faible ?  Est-il réellement acceptable qu’une partie de notre planète devienne inhospitalière  à l’homme par suite de l’incapacité des nations à s’organiser collectivement  et/ou à cause de l’égoïsme des pays les plus riches ? 
                  
                De par son caractère global, le changement climatique peut  constituer l’opportunité, pour tous les habitants de cette planète, de prendre  conscience de l’impérieuse nécessité d’être solidaires entre eux : formons  le vœu qu’il puisse en être ainsi et que ce changement devienne le moteur d’une  nouvelle étape dans le développement de l’humanité. 
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