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N° 101 - Janvier 2021 - L’enseignement et la formation dans la transition écologique et sociétale
Ce numéro est coordonné par Cécile RENOUARD et Rémi BEAU
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Préface : Barbara POMPILI,
Ministre de la Transition écologique
Nous savons désormais que nous sommes entrés dans l’ère de l’anthropocène, ère dans laquelle l’Homme est capable de transformer et d’altérer durablement la Terre, son atmosphère, ses océans, ses sols, sa biodiversité... Ce nouvel âge représente une menace pour nos sociétés complexes qui reposent, toutes, sur des écosystèmes riches et fonctionnels.
C’est aussi un défi sociétal, technologique et, bien sûr, épistémologique. Car la transition écologique nous invite à repenser également notre rapport à la science et à nous éloigner de la conception de la science comme outil de domination de la nature qui nous entoure, pour nous tourner vers une science plus éthique, au service des générations actuelles et futures, de l’humain comme du non-humain.
L’enseignement et la formation sont au coeur de cette éthique de responsabilité nouvelle vis-à-vis de la nature. Outils de réflexion, de transmission, ils sont également l’enceinte naturelle pour construire les consensus, oeuvrer à l’adaptation de tous les pans de nos existences à la nouvelle réalité environnementale de notre siècle. Oui, les sciences du vivant comme celles de l’humain peuvent apporter des réponses aux défis que nous devons relever ensemble. De la biologie aux mathématiques en passant par la médecine, l’économie, le droit, l’architecture ou encore l’histoire et la géographie, toutes ces disciplines doivent contribuer à relever cet immense défi qu’est la transition écologique.
Ce rôle qu’elles ont à jouer est aujourd’hui plus nécessaire que jamais auparavant. Sensibiliser, éduquer, communiquer, donner à voir et à comprendre, sont des enjeux majeurs de la bataille écologique à l’ère de la fausse science, de l’immédiateté des réseaux sociaux. Un enseignement organisé est vital pour former les citoyens de demain, pour lutter contre les discours qui nient l’urgence climatique ou en contestent l’origine humaine, pour encourager à l’action libre et éclairée plutôt qu’à l’insouciance aveugle.
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Introduction :
Cécile RENOUARD,
Professeur de philosophie au Centre Sèvres (Faculté jésuite de Paris) et enseignante à l’École des Mines de Paris, à l’ESSEC et à Sciences Po
et
Rémi BEAU
Chargé de recherche au CNRS en philosophie à l’Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris, Sorbonne Université
Le présent numéro des Annales des Mines est publié sur fond de grandes incertitudes planétaires, à la fois sanitaires, écologiques, sociales et économiques. La crise de la Covid-19 a des conséquences dramatiques pour des millions de personnes privées d’emploi ou basculant dans la misère, en plus des détresses suscitées par la maladie elle-même. Le Haut Conseil pour le climat a publié en septembre 2020 son rapport annuel sur l’évolution des engagements de la France dans la lutte contre le réchauffement climatique : les baisses des émissions en 2018 et 2019 (- 0,9% par an) sont très insuffisantes au regard de la réduction de 3 % par an attendue dès 2025 afin de contribuer efficacement aux objectifs fixés par l’Union européenne suite à l’Accord de Paris. Les rédacteurs de ce rapport soulignent que la baisse des émissions liée aux mesures de confinement mises en oeuvre en 2020 est temporaire et ne traite pas les problèmes structurels, tels que le maintien du soutien accordé aux secteurs carbonés. Des rapports récents émanant des organes internationaux d’experts sur le climat et la biodiversité, le GIEC et l’IPBES, indiquent pourtant une dégradation très rapide des conditions favorables au maintien adéquat des milieux vivants et à une vie de qualité sur Terre pour les générations futures.
Ces crises écologiques, sociales et économiques ne sont pas indépendantes les unes des autres. Elles manifestent avec force la vulnérabilité constitutive de la vie humaine et du vivant, et soulèvent une interrogation radicale quant aux façons appropriées d’envisager les formes du travail et de la vie quotidienne du « monde de demain ». Nos manières de produire, d’échanger et de consommer, qui sont liées à un accroissement inédit des richesses et du confort dans l’histoire de l’humanité, sont mises en question par les catastrophes actuelles et à venir qu’elles entraînent.
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