Arsène Nicolas BAILLET DU BELLOY (1765-1845)


Photo collection personnelle de Henri de Francqueville

Né à Amiens le 28/9/1765, mort le 18/6/1845 à Abbeville. Décrit sur son passeport de 1830 comme suit : 1,81 m (5 pieds 7 pouces) ; cheveux bruns ; front haut ; sourcils bruns ; yeux gris ; nez moyen ; bouche moyenne ; barbe brune ; menton rond ; visage ovale ; teint clair.
Fils de Etienne François Nicolas BAILLET, noble homme, seigneur de BELLOY (1734-1797), négociant puis conseiller du Roy élu à Amiens, marié en 1760 avec Cécile COTTE. Etienne François Nicolas épouse en secondes noces le 8/6/1763 Magdeleine MORAND. Il a 3 fils : Etienne Antoine François devient diacre, Arsène Nicolas est le 2ème, Alexandre Théodore (né en 1768) est le cadet.
Arsène Nicolas épouse Marie Anne Jossine BOULLON (1775-1810), fille de Jean-Baptiste BOULLON, docteur en médecine, échevin d'Abbeville, seigneur d'Yonville par héritage maternel.
Il a comme enfants : Arsène (né en 1799, décédé à l'age de 14 mois), Camille (née en 1801, décédée à l'âge de 4 ans) et Claire Marie Alexandrine (1808-1870) qui épousa en 1833 Louis Georges Amé BLONDIN de SAINT HILAIRE, juge à Doullens. Leurs enfants sont : Louis Albert de SAINT HILAIRE (dont Henri de FRANCQUEVILLE est un arrière-petit-fils), et Louis Nicolas Robert de SAINT HILAIRE.
Les descendants vivants en 2005 de Arsène Nicolas s'appellent : de FRANCQUEVILLE d'ABANCOURT, DEYDIER de PIERREFEU, de BEJARRY, ROTH le GENTIL, ITHIER d'AVOUT.

Arsène Nicolas Baillet fut le seul élève de la promotion qui entra à l'Ecole des mines en 1785.


Publié dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME III, page 165

BAILLET DU BELLOY, né à Amiens le 28 septembre 1766, mort Inspecteur général en retraite le 18 juin 1845, était entré dans le Corps des mines à titre d'Inspecteur, à sa première constitution, en 1794. Il inaugura, en 1796, le cours d'exploitation des mines, dont il devait rester chargé à Paris et à Moutiers jusqu'à sa mise à la retraite, en 1832, au moment où le Gouvernement de Juillet se préoccupa de réorganiser l'Ecole et le Corps des Mines. Baillet du Belloy n'a laissé aucun Ouvrage didactique. On n'a de lui que quelques Mémoires insérés principalement dans les premiers numéros du Journal des Mines. Combes, qui lui succéda et qui était un bon juge, a, dans la préface de son Traité d'exploitation, rendu témoignage à l'enseignement de Baillet du Belloy.


Nous disposons d'un ensemble de notes manuscrites de Baillet ainsi que d'une correspondance que son descendant Henri de Francqueville prête à l'Ecole des Mines en 2005.

Arsenne Nicolas Baillet du Belloy entre à l'Ecole royale des mines en août 1785. Il est envoyé dans les mines de Bretagne en 1786. Il est autorisé à visiter à ses frais les mines de la Flandre et du boulonnais en 1787. Il est autorisé à accompagner l'ingénieur des mines Lefebvre d'Hellancourt dans les mines du bourbonnais en 1788 et à diriger et suivre l'exécution des travaux et projets adoptés pour ces mines en 1789 ; les frais de déplacement sont mis à la charge des actionnaires des mines des Berrands et des Gabliers, demandeurs de la mission. Il est intéressant de noter que la lettre du 31 août 1788 de Chaumont de la Millière autorisant cette mission est le seul document officiel dans lequel il soit question de "M. de Belloy". Tous les documents ultérieurs, jusqu'à sa mort, porteront la mention de "M. Baillet".

Baillet est nommé ingénieur des mines en 1794, inspecteur des mines en 1795, professeur à l'Ecole des mines en 1796. Il est nommé professeur à l'Ecole des mines de Pesey en 1802 par une lettre du 1er Floréal an 10 adressée au Citoyen Baillet : Je vous préviens, Citoyen, qu'en exécution de l'arrêté des Consuls du 23 Pluviose dernier, portant création de deux Ecoles pratiques des mines, l'une à Geislautern (Sarre), l'autre à Pezay (Montblanc), je vous ai présenté, d'après la proposition du Conseil, à la nomination du Premier Consul en qualité de Professeur d'Exploitation de l'Ecole de Pezay, la seule que j'organise en ce moment. Vous avez été agréé, et votre traitement à ce titre est de quatre mille francs annuels ... La décision est publiée le 5 Floréal.

A partir de cette date, l'appellation "ingénieur en chef" accompagne toujours le nom de Baillet, mais il n'en explique pas lui-même l'origine dans sa missive de 1816 à Molé. Toujours est-il qu'il est nommé inspecteur divisionnaire en 1810, grade qu'il conservera jusqu'à sa mise en retraite anticipée en 1832.

Le 20 Pluviose an 5, Baillet, Professeur d'exploitation à l'Ecole des mines, est exempté du Service de la garde nationale en sa qualité d'Instituteur public, conformément à la loi du 4ème jour complémentaire an 3.

Le 28 brumaire an 10, il est membre du conseil d'administration de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale. La même année, il est nommé membre d'une commission spéciale placée auprès du premier inspecteur général de l'artillerie, "chargée de donner à notre poudre de guerre le degré de force de celle de l'Angleterre". La commission, constituée par délibération des consuls du 17 Thermidor An 10, comprenait : Aboville (premier inspecteur général de l'artillerie), Levavasseur (inspecteur général de l'artillerie maritime), Guyton Morveau, Baillet (inspecteur des mines) et Champy (administrateur général des poudres).

Baillet sera nommé associé correspondant de l'Académie des Sciences et arts de Turin (13 Thermidor an 13).
Le 20 Thermidor an 13, le Chancelier de la 16ème Cohorte de la Légion d'honneur lui envoie les lettres patentes d'Associé Correspondant de l'Académie de la Légion d'honneur.

En 1805, il entreprend une importante mission concernant les mines du Piémont et de l'Etat de Gènes. En avril 1807, il envoie à son excellent ami Lefebvre d'Hellancourt un projet de carte des mines et usines du Piémont. Aussitôt, Lefebvre d'Hellancourt décide de publier cette carte au plus vite et de la diffuser aux ingénieurs des mines.
Baillet avait des relations très cordiales avec deux autres membres du corps des mines : Héricart de Thury et Brochant de Villiers, avec lesquels il entretenait une correspondance jusqu'à sa retraite forcée. Baillet fut plusieurs fois invité à dîner chez le vicomte Héricart de Thury, dont il appréciait visiblement l'amitié.

Le 20 juillet 1814, Baillet reçoit la décoration du Lys, pour sa fidélité au Roi.

Le 23 janvier 1815, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur. Le brevet lui sera adressé le 28 août 1817, après paiement de 10 F. Le caractère tatillon de l'Administration de l'Ordre apparaît dans un échange de correspondance au sujet de la transformation du prénom "Arsenne" en "Arsène".

Le 21 février 1815, il est nommé par décision du Comte Laumond, président du comité d'instruction de l'école royale des mines, "chargé de me proposer les mesures propres à coordonner toutes les parties de l'enseignement tant théorique que pratique". La mission est toutefois perturbée lorque, en juillet, Laumond déclare Baillet mobilisable "pour exécuter les travaux nécessaires à la défense de Paris". Par une lettre du 23 septembre 1816, Molé mettra d'une certaine façon fin à la mission de présidence du comité d'instruction en nommant Baillet simple membre du Conseil de l'Ecole, placé sous la présidence du vice-président du Conseil général des mines.

Appliquant une circulaire du 23 septembre 1816, le Comte Molé somme Baillet en octobre 1816 de lui produire des justificatifs sur son activité dans le corps des mines, et notamment sur son admission à l'Ecole des mines en 1785. Baillet ne retrouve pas sa lettre d'admission à l'Ecole, mais arrive à produire une lettre de mission que Chaumont de la Millière avait adressée à Lefebvre d'Hellancourt et à lui-même au sujet de la visite de mines du bourbonnais. L'administration centrale se déclare satisfaite de ces justificatifs (6 janvier 1817).

En 1820, Baillet reçoit une prime exceptionnelle de 500 F pour l'année 1919.

En 1822, Baillet apparaît sur un document de l'administration de la Monnaie Royale des Médailles comme "Président de la Société Philomatique".

Le 11 juin 1823, Baillet est nommé membre du Conseil de l'arrondissement d'Abbeville. Le 16 novembre 1823, le sous-préfet d'Abbeville informe Baillet qu'il y a urgence de nommer un Maire de la commune de Citernes, et que sa nomination vient d'être proposée au Préfet. Baillet répond aussitôt : "Il m'est tout à fait impossible d'accepter les fonctions de maire de cette commune" en raison de voyages obligés pendant une grande partie de l'année.

Les travaux de Baillet portèrent sur des sujets très variés, notamment les soufflements cylindriques et le lampes de sûreté. Il est l'auteur d'un règlement sur les lampes de sûreté (1824) qui fut la source d'un réel progrès dans la sécurité minière.

Le 6 juin 1830, Baillet est nommé administrateur des Hospices d'Abbeville.

La société royale d'Emulation d'Abbeville le désigne en juillet 1830 comme membre d'honneur.

En avril 1832, le gouvernement de Juillet met à la retraite Baillet (ordonnance du 27 avril, avec effet au 1er mai) en même temps que la vieille garde du corps des mines, et notamment Guillot-Duhamel fils. Dans une lettre de mai 1832, Héricart de Thury s'étonne que Baillet fasse partie de la liste des dégommés ; il est vrai que Baillet est alors déja bien malade. Mais il semble que le principal tort de l'intéressé était de ne pas être issu de Polytechnique. Héron de Villefosse démissionnera quelques mois plus tard. Héricart de Thury n'a pas cette élégance, mais il n'aura plus d'avancement jusqu'à sa mise à la retraite en 1848. Le collègue et ami Brochant de Villiers échappe lui aussi au couperet et récupère lui-même les nombreux dossiers de Baillet à la demande du directeur général des ponts et chaussées et des mines, Bérard. Baillet avait terminé sa carrière comme inspecteur divisionnaire, et l'administration lui accorde l'honorariat du grade supérieur, il devient donc inspecteur général honoraire.

Baillet s'occupe activement à partir de 1832 du département de la Somme, de son histoire, de ses finances, et de la ville d'Abbeville dont il est conseiller municipal. Etant l'un des 450 électeurs de la Somme (en raison de ses propriétés terriennes), il est nommé le 1er mai 1832 au Conseil Général. Il s'occupe également activement des hospices d'Abbeville, dont il est le président, et auxquels il laissera un don particulier de 500 F dans son testament. Le tracé du chemin de fer vers la Belgique le passionne.

Le 29 mai 1838, il est informé de la création d'une Société pour l'avancement et la propagation des sciences naturelles dénommée "Société linéenne du Nord de la France", dont il est invité à faire partie comme membre.

Le 9 mars 1839, Baillet est nommé, par le Recteur d'Académie sur proposition du sous-préfet, membre du Bureau d'Administration du Collège Communal d'Abbeville.

Le 20 juillet 1840, la Mairie d'Abbeville le remercie pour lui avoir fait un don (accepté) de sa collection minéralogique de 456 morceaux.

Vers la fin de sa vie, en 1842, il décide de vendre sa vaste collection de livres anciens sur la géologie et les mines. Quel dommage ! le libraire parisien escroc disparaît sans laisser de traces et Baillet n'obtiendra jamais le paiement de ses ouvrages. Mais il n'est pas dans le besoin, et sa maison d'Abbeville est restée la propriété de ses descendants jusqu'à nos jours.

Les dernières années de Baillet sont pénibles, il est obligé d'annuler fréquemment des activités pour raison de santé.

Son oeuvre scientifique et technique est limitée à un nombre réduit de publications. Toutefois, l'étude des brouillons qu'il laisse montre une très grande maîtrise dans la capacité de formuler mathématiquement les problèmes et dans l'algèbre. Les croquis sont toujours simples mais parlants. Beaucoup de précision est visible dans les détails : par exemple, articulations entre les pièces mobiles, pluviométrie et débit des fleuves soigneusement répertoriés tout au long de l'année. Baillet était également un collectionneur méticuleux d'ouvrages et d'informations sur la géologie et l'exploitation des mines.


Le testament de Arsène Nicolas BAILLET

Page rédigée par R. Mahl