Joseph-Marie-Raoul de VITRY d'AVAUCOURT (1895-1977)


La photo ci-dessus, extraite de La Jaune et la Rouge, mai 1967, montre Raoul de VITRY, président de la Fédération Française de Bridge, remettant la coupe d'un tournoi de bridge qui s'est déroulé le dimanche 12 mars 1967 dans les salons de la Maison des X, 12 rue de Poitiers à Paris.

Né le 28/6/1895 à Genève, décédé le 5/10/1977 à Paris.

Fils de Marie-Hyacinthe-Fernand de VITRY d'AVAUCOURT (1866-1901) et de Marie-Élisabeth-Louise de LOUVENCOURT. Né à Lure (Haute-Savoie) en 1895. Frère de Adelin-Marie-Robert de VITRY d'AVAUCOURT (1896-1930 ; X 1919) et de Marie-Louise de VITRY d'AVAUCOURT (épouse de Joseph RICHARD).

Marié le 30/7/1924 à Marie-Claire-Henriette-Nicole LE BRET (fille de Gabriel Charles Jean LE BRET, ingénieur civil des mines, elle est décédée à l'âge de 104 ans !) ; Enfants : 10 enfants dont 4 fils qui ont fait Polytechnique : François Jacques Marie Fernand (né en 1934 ; X 1954), Geoffroy Marie François Gilles (né en 1939 ; X 1959), Arnaud François Marie Alain (né en 1926 ; X 1947, il épouse en 1953 Henriette fille de Henri-Georges DOLL et de Anne SCHLUMBERGER, petite-fille de Conrad SCHLUMBERGER), Hervé Marie François Hubert (1928-1995 ; X 1948). Une fille épousa Marc JULIA fils du mathématicien Gaston JULIA ; une autre épousa Antoine BRUNET, conseiller à la Cour des comptes, fils de Jacques BRUNET gouverneur de la Banque de France. Son neveu Bruno de VITRY d'AVAUCOURT (né en 1932 ; X 1953, EMP 1955 corps des mines) entrera à la société Wendel en 1966. 41 petits-enfants, 123 arrière-petits-enfants.

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1914, sorti classé 3), et de l'Ecole des mines de Paris (entré en 1920 classé 3 sur 5 polytechniciens admis, et sorti en 1922 classé 13 sur 19, les élèves issus des promotions 1914, 1916 et 1917 de Polytechnique ayant été rassemblés). Corps des mines.


D'après : Les Polytechniciens dans le siècle 1894-1994, Dunod et d'autres sources :

Reçu à l'École polytechnique dès 1914, il sert cinq ans dans l'artillerie pendant la Première Guerre mondiale avant d'intégrer vraiment l'École, en 1919. Jeune ingénieur au corps des Mines, il débute dans le service ordinaire des Mines à Nantes.

En 1922, il se porte volontaire pour une mission française dans les mers du sud, c'est-à-dire dans les territoires coloniaux autres qu'africains, quelque peu oubliés de la métropole pendant la guerre. A son retour, il est envoyé dans la Ruhr occupée. En 1924, le directeur des Mines lui demande d'être secrétaire d'une commission présidée par le premier président de la Cour des Comptes sur le statut des agents de chemin de fer, mécontents de leur reclassement.

Satisfait de la formation intellectuelle reçue, mais sceptique sur le fonctionnement de l'administration française, « univers absurde et inefficace dont la drôlerie interrompait les jours monotones », il la quitte en 1928 pour l'entreprise Pechiney, « sans titre, sans contrat et avec un salaire diminué ». Il y fera toute sa carrière : deux ans en usine, un an auprès des administrateurs délégués, puis directeur (1931), et dirigeant dès 1938, d'abord avec le titre d'administrateur-directeur général, plus tard avec celui de président (1958-1967). Raoul de Vitry est un bâtisseur d'empire industriel : sous sa direction, l'entreprise devient une des premières firmes françaises.

Pendant la guerre, il prend des contacts avec la Résistance, qu'il finance.

En vingt ans, il parvient à multiplier par huit la productivité de la fabrication d'aluminium. En même temps, il développe le talent de l'entreprise à repérer les utilisations nouvelles de son produit principal, l'aluminium : chez Pechiney, un ou deux directeurs sont chargés en permanence d'un véritable travail conceptuel pour multiplier les débouchés du métal. Les procédés de fabrication sont souvent en avance sur ceux des Américains et des Canadiens. L'entreprise devient progressivement une véritable multinationale, qui acquiert des implantations à l'étranger, en Argentine, en Guinée, en Grèce, et en Amérique du Nord.

La multinationale française ainsi créée se dote de méthodes de management intermédiaires entre les démarches américaines et la tradition française prévalant à l'époque : une certaine centralisation des informations, certes, mais en même temps des procédures collectives et une décentralisation des décisions.

En 1966, Raoul de Vitry est toujours président de la société. Il négocie, avant de la quitter, une dernière grande opération stratégique : le rapprochement avec Tréfiméteaux. Il prend sa retraite en 1967.

Il a notamment participé avec le général Doriot à la création de American Research, société de capital développement dont le plus beau fleuron a été Digital Equipment (maintenant absorbé par Compaq lui-même absorbé par Hewlett-Packard). Raoul de Vitry a été très longtemps membre du Conseil d'administration de Digital Equipment.

Commandeur de la Légion d'Honneur, Grand-Officier de l'Ordre National du Mérite, Croix de Guerre 1914-18.


Geoffroy Marie François Gilles de Vitry d'Avaucourt, l'un des 4 fils de Raoul qui ont été élèves de Polytechnique
(C) Photo Collections Ecole polytechnique


Vue partielle d'une plaque commémorative placée dans le hall d'entrée de l'INSEAD, à Fontainebleau. Dans la liste des "membres fondateurs personnes physiques" de l'INSEAD, on trouve, outre Olivier Giscard d'Estaing (principal fondateur), Raoul de Vitry et son ami le général Georges Doriot.
Photo R. Mahl, 2011