François-Ernest MALLARD (1833-1894)

Né le 4/2/1833 à Chateauneuf sur Cher. Fils de Louis Eugène MALLARD, avoué, et de Honorine Céline ROBERTET.

Ancien élève de l'Ecole polytechnique (entré en 1851 classé 11, sorti classé 16 sur 88 élèves) et de l'Ecole des Mines de Paris (entré et sorti classé 5 sur 6 élèves). Corps des mines.


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Biographie rédigée par Jean-Michel Le Cléac'h


 
Le 6 juillet 1894, à Paris, mourrait subitement, à l'âge de 61 ans, un savant qui, bien qu'aujourd'hui moins connu que beaucoup d'autres mentionnés dans ce bulletin, n'en a pas moins été reconnu par ces pairs à la fin du siècle dernier comme un génie ayant fait l'orgueil du Corps des Mines et l'honneur de la Science française. Ses travaux en géologie et dans le domaine de l'exploitation minière sont certes d'un très grand intérêt, mais c'est en minéralogie et en cristallographie que l'apport de Mallard fut le plus considérable.

Comme le dit son disciple Pierre Termier dans son "éloge d'Ernest Mallard" lu à la séance générale de la Société Géologique de France le 18 avril 1895:

" Ce qu'ont fait Fresnel, pour l'optique physique; Maxwell, pour le magnétisme et l'électricité; Edouard Suess, pour la géologie, Mallard l'a fait, en moins de vingt années, pour la cristallographie et la minéralogie. Il a renouvelé la face de ces deux sciences et ouvert à l'activité de leurs adeptes d'immenses domaines jusqu'alors inconnus ou à peine entrevus. Aussi, quand, au lendemain de sa mort, la Société française de Minéralogie fit graver en lettres d'or, au plafond de sa salle de réunion, le nom d'Ernest Mallard à côté des noms à jamais célèbres d'Haüy, de Romé-de-l'Isle et de Bravais, nul ne trouva que ce grand hommage fût exagéré, ni que l'on eût pu donner un plus digne compagnon aux trois illustres fondateurs de la cristallographie."

François Ernest Mallard est né le 4 février 1833, à Saint-Amand Montrond (Cher). Elève de l'École Polytechnique (1851), puis de l'Ecole nationale supérieure des Mines (1853), il prenait rang en 1856 parmi les ingénieurs des mines. En 1859, il fut nommé professeur à l'École des Mines de St-Étienne où il enseigna de 1859 à 1872 la géologie, la minéralogie, la physique et l'exploitation des mines. C'est pendant cette période stéphanoise que Mallard passa l'ensemble de ses congés d'été, de 1859 à 1867, aux levers de terrain de la carte géologique au 1/80.000ème des départements de la Haute-Vienne et de la Creuse. La carte de Dufrénoy et d'Elie de Beaumont ne séparait pas correctement le granite des gneiss. Quant à l'étude détaillée des roches granitiques en elles-mêmes, seul Grüner, dans sa description géologique du département de la Loire avait déjà osé la tenter.

Nous possédons au Musée de Minéralogie de l'Ecole des Mines de Paris le catalogue manuscrit (cat. N°1693) de la "Collection d'échantillons destinés à montrer les principaux types des Roches" que Mallard avait constitué lors du levé de la carte géologique au 1/80.000ème des départements de la Haute-Vienne et de la Creuse. On y constate que Mallard s'est attaché à bien séparer les micaschistes des gneiss et des roches granitiques. On sait qu'il considérait d'ailleurs que cette séparation devait être définitive, quel que puisse être ultérieurement l'évolution des connaissances au sujet de la genèse de ces roches. Ses levés de terrain sont cartographiquement très précis du point de vue de cette séparation, et les contours qu'il a tracé de ces trois types de terrains n'ont guère eu besoin d'être révisés ultérieurement. Mentionnons également que c'est à Mallard que revient l'honneur d'avoir, le premier, distingué les leptynites des gneiss ordinaires, leptynites qui jouent un si grand rôle dans la constitution de la partie ouest du Massif Central. Son mérite est d'autant plus grand lorsque l'on considère qu'à l'époque, les pétrographes n'avaient pas encore l'usage de la lame mince et du microscope polarisant.

Il s'attacha ensuite à séparer les diverses variétés de granite, et il aboutit à cette conclusion qu'il y a, dans la Haute-Vienne et dans la Creuse, quatre sortes de granite en séparant très nettement le granite à mica noir des granites à mica blanc ou à deux micas qui furent ensuite appelés granulites, nom que l'on retrouve encore sur nombre de cartes au 1/80.000ème restées quasiment inchangées depuis leur première édition, avant d'être finalement remplacé par le terme leucogranites en vigueur aujourd'hui sur les cartes levées plus récemment.

Après les granites, Mallard s'intéressa à des roches à structure porphyrique, et notamment à un type particulier de porphyre à texture bréchiforme que l'on rencontre aux environs de Rochechouart et qu'il baptisa porphyre trachytoïde, plus tard Stanislas Meunier décrivit ces roches comme étant d'origine sédimentaire et datant du Permien. Aujourd'hui l'on sait que ces roches sont en réalité des impactites formées lors de la chute d'un gigantesque météorite tombé aux environs de Chassenon et de Rochechouart il y a environ 165 millions d'années.

Les géologues regrettèrent que la description des terrains et la carte de Mallard ne figurent qu'à l'état de manuscrit à l'Exposition de 1867, le Conseil général de la Creuse, sur l'initiative duquel l'exploration de ce département avait été entreprise, ayant refusé de financer sa publication. Seule la carte de la Haute-Vienne fut publiée en 1870. La carte de la Creuse fut conservée aux archives du service de la Carte Géologique détaillée de France mais servit à la confection de la carte géologique de la France au 1/500.000e et au millionième.

Dès 1858, Mallard avait (re)découvert, à Montebras, dans la Creuse, un gisement d'étain sur lequel par la suite on mis en évidence des travaux miniers remontant à la plus haute antiquité. A la suite de la découverte de Mallard ce gîte de Montebras fut l'objet d'une concession minière et exploité quelque temps pour l'étain, puis pour la lithine que l'on tirait de l'amblygonite et de la montebrasite, deux phosphates d'aluminium et lithium abondants dans le gisement. Le musée de Minéralogie de l'Ecole des Mines de Paris possèdent de nombreux échantillons trouvés par Mallard dans cette région notamment: lépidolite de la Villatte (Haute-Vienne), amblygonite et montebrasite de Montebras en Soumans, (Creuse) N°38507, apatite de Chanteloube (Haute-Vienne), cuivre natif (26996) et or natif (27150) de Vaulry (Haute-Vienne), pharmacosidérite de St. Léonard du Noblat (Haute-Vienne).

En 1865, Mallard avait signalé à l'Académie des Sciences le fait curieux d'une roche magnétipolaire ne contenant pas de magnétite. Cette roche provenait du Puy-Chopine, en Auvergne, et était formée de fragments de diorite, ramenés au jour par l'éruption trachytique, et cimentés par du sesquioxyde de fer Fe2O3. De nombreux savants se penchèrent sur le curieux phénomène, chacun y allant de son hypothèse. Il serait aujourd'hui fort intéressant de retrouver ces échantillons car peut être s'agissait il de maghémite, un spinelle de formule Fe2O3 décrit par Wagner en 1927 que l'industrie produit aujourd'hui en grande quantité, par synthèse, pour constituer les couches magnétiques des disquettes informatiques et autres supports d'enregistrement magnétique.

En 1870, Mallard visita, en compagnie d'Edmond Fuchs, dont un tableau se trouve au Musée de l'Ecole des Mines de Paris, quelques gîtes minéraux du Chili. Il rapporta de ce voyage, malheureusement écourté par la guerre franco-allemande, une grande quantité de roches, en particulier de très belles collections de roches éruptives qui furent partagées plus tard entre l'École des Mines de Paris et celle de Saint-Étienne, ainsi que des collections de minerais d'argent et de cuivre du Chili. C'est ainsi que le catalogue informatisé de la collection de l'Ecole des Mines de Paris mentionne des échantillons de chalcocite (N° 199), de pyrargyrite (N°36784), cérargyrite (N°36873), argent natif (N°36866) et cuivre natif (N°36814) donnés par Mallard et Fuchs. Mallard et Fuchs furent aussi les premiers à démontrer que l'histoire du climat de l'Amérique du sud, pendant la période quaternaire, est identique à celle du climat de la même époque dans notre hémisphère, et que, par suite, les causes de cette variation singulière, s'étant exercées sur la planète entière, doivent être cherchées dans un phénomène cosmique.

Notons aussi que Mallard a donné au Musée de l'école un grand nombre d'échantillons de minéraux de Norvège: labradorite, oligoclase, perthite, monazite, apatite, pyrite, sphalérite, chalcocite, chalcopyrite, graphite, orthose, hématite, ilmnénite, pyrrhotite, épidote, tourmaline; amphibole, enstatite, hornblende, mica, damourite.

M. Daubrée avait depuis longtemps reconnu le mérite de Mallard et lorsque l'éminent académicien fut appelé à la direction de l'Ecole des Mines en 1872, c'est donc tout naturellement qu'il choisit Mallard pour le remplacer comme professeur de Minéralogie. Ceci eut une très grande répercussion sur l'oeuvre scientifique de Mallard comme le souligne Pierre Termier:

"En se consacrant désormais à la minéralogie, après la forte éducation scientifique que quinze ans de géologie lui avaient donnée, Mallard ne faisait que continuer la tradition de Dufrénoy et de M. Daubrée lui-même. L'exemple de ces trois illustres savants montre que la fréquentation assidue et prolongée de la nature, la contemplation des larges espaces et des libres horizons, sont une admirable préparation, la meilleure peut-être, aux patientes recherches du laboratoire et aux longs labeurs de la pensée. Cette incomparable netteté d'esprit qui était la grande force de Mallard, cette vision quasi-intuitive et vraiment géniale qu'il avait acquise des lois mystérieuses, en apparence si compliquées, si simples au fond, du monde moléculaire, cette compréhension large et immédiate des plus difficiles problèmes, qui étonnait toujours ses contradicteurs, et qui lui permettait d'écarter d'un mot les objections vaines et les théories de hasard, toutes ces qualités de premier ordre, ne les devait-il pas, en grande partie du moins, aux longues promenades solitaires par les sentiers de la Haute-Vienne et de la Creuse, aux neuf étés, déjà passés, de vie simple et rude, de méditation constante, de silence presque absolu vis-à-vis des hommes, de conversation ininterrompue avec soi-même, avec le ciel immense et clair, avec la terre "maternelle et douce"? Qui pourrait dire l'influence, sur une âme généreuse, sur une intelligence d'élite, sur un esprit assoiffé de vérité, d'une aussi longue période de vie où la contemplation s'est mêlée si largement à l'action? Et n'est-il pas vrai que les solitaires, quand il leur est donné d'aborder les recherches spéculatives et les hauts problèmes scientifiques y apportent, à valeur égale, une souplesse d'esprit et une pénétration intellectuelle que ne connaissent point les autres hommes?"

Dès son retour à Paris, le changement d'orientation devint visible chez Mallard. Excepté une étude sur le Chili parue en 1873, et une très courte note sur les oscillations séculaires des glaciers, publiée en 1875, Mallard n'écrivit plus rien qui ne touchât directement la minéralogie et plus spécialement la cristallographie.

Même en la résumant à outrance il serait trop long d'évoquer ici l'oeuvre cristallographique de Mallard dont la plupart s'accorde à dire qu'elle est l'une des oeuvres scientifiques les plus considérables de son temps. On voudra bien, pour une évocation plus complète, se reporter aux écrits de messieurs Termier, de Lapparent et Wyrouboff .

Quelques travaux marquants sont cependant à citer. Ce fut en 1876, quatre ans après son arrivée à Paris, que Mallard publia dans les Annales des Mines son premier mémoire de cristallographie "Explication des phénomènes optiques anormaux que présentent un grand nombre de substance cristallines" au propos duquel M. Michel-Lévy dans son discours aux obsèques d'E. Mallard dit: "en 1876, M. Mallard fit jaillir la lumière dans les ténèbres." En effet jusque là, l'étude des groupements cristallins, avait été tout à fait négligée et n'avait conduit à aucune loi simple. A partir des travaux de Mallard sur le sujet, les anciennes anomalies s'expliquaient sans difficulté et obéissaient à des lois de symétrie. Mais plus que cela, de ces nouvelles règles émises par Mallard, une nouvelle loi se dégageait, aussi simple que féconde, celle de la tendance de la matière inorganique à l'arrangement le plus symétrique parmi tous les arrangements possibles.

De 1876 à 1886, Mallard multiplia sur le sujet les observations et les mémoires. S'intéressant particulièrement aux macles il sépara soigneusement les groupements par accolement, des groupements par interpénétration. Il donna des macles une théorie nouvelle, plus générale que celle de Bravais, et dont le grand mérite est d'expliquer de manière particulièrement lumineuse, les macles par mériédrie et les macles par pseudosymétrie. Son explication des macles par mériédrie permit d'interpréter très simplement la fameuse expérience de Baumhauer qui consiste à provoquer l'apparition d'une macle, en exerçant à l'aide d'une lame de couteau une pression perpendiculaire à l'une des arêtes d'un rhomboèdre de calcite. Des macles très ordinaires telles la macle de Carlsbad de l'orthose, la croisette de Bretagne et la croix de Saint-André de la staurolite, les macles de la Morvénite, de Marburg et du Stempel de la christianite et de l'harmotome, trouvèrent aussi une explication rationnelle grâce à la théorie des macles de Mallard.

L'étude des cristaux non homogènes est considéré par certains comme la partie capitale de l'oeuvre de Mallard. Elle le conduisit à la découverte de la théorie physique de la polarisation rotatoire cristalline (1881) ; elle lui fournit aussi les éléments d'une autre théorie, celle des propriétés physiques des mélanges isomorphes, enfin, elle le mit sur la voie des recherches expérimentales qu'il entreprit plus tard sur le polymorphisme et l'isomorphisme.

Les conclusions théoriques qu'il a su tirer de ces dernières recherches étaient absolument inattendues. Leur portée philosophique le surprit lui-même au premier abord; et c'est avec une sorte de timidité qu'il les a présentées au monde savant, dans son admirable mémoire "Sur la quasi identité de l'arrangement moléculaire dans toutes les substances cristallisées". Presque toutes les séries isomorphes, sinon toutes, contiennent le cube comme une de leurs formes; d'autre part, pour la très grande majorité des substances cristallines, les paramètres cristallins multipliés par des nombres entiers petits ou par leurs rapports, deviennent à peu près identiques à ceux du réseau cubique. D'où cette idée que les centres de gravité de tous les corps sont à peu près disposés suivant un système réticulaire cubique, arrangement qui, comme l'a fait remarquer M. H. Le Châtelier, assure une grande compacité. C'est aussi ces études sur l'isomorphisme et le polymorphisme qui conduisirent Mallard à créer 66 groupes spatiaux en 1879.

Parmi les autres travaux de Mallard, certains concernent des procédés, ou des instrumentsutilisés par les minéralogistes et pétrographes:

- un procédé pour la mesure de l'angle des axes optiques,

- un perfectionnement du goniomètre de Wollaston, qui rend très facile la mesure des cristaux presque microscopiques, et permet. sur ces mêmes cristaux, la mesure des indices de réfraction

- un développement de la projection gnomonique,

- une étude théorique et pratique très complète du réfractomètre à réflexion totale de M. Emile Bertrand.

D'autres travaux effectués en collaboration avec M. H. Le Chatelier sont directement liées à l'activité de l'ingénieurdes mines:

- étude des lampes de mines,

- étude des mélanges gazeux combustibles,

- étude des explosifs de sûreté.

L'un des regrets de Mallard fut cependant d'avoir dû délaisser la géologie mais on sait qu'il en a toujours suivit les progrès avec un profond intérêt et qu'il aimait prendre part à l'excursion géologique annuelle de l'École des Mines. Pierre Termier se remémore ainsi une des excursions qu'il fit étant encore élève de l'Ecole:

"C'est un de mes meilleurs souvenirs de jeunesse, celui des quelques jours passés ainsi, une première fois en Auvergne, une autre fois dans le Bourbonnais et le Berry, au contact de ces deux maîtres si dissemblables et s'entendant pourtant si bien, Mallard et de Chancourtois.

Quand nous revenions à l'auberge, la journée finie, un peu las sur la route démesurément allongée, Mallard, qui n'était jamais fatigué, lui, comme s'il eût été de fer, causait volontiers avec nous. A l'amphithéâtre, aux travaux pratiques, à l'école enfin, nous l'avions trouvé un peu froid, sans doute parce que nous étions intimidés de l'énorme distance qui nous séparait de ce grand savant, et que, comme il arrive souvent, cette intimidation émanée de lui le gênait à son tour. Ici, dans la campagne, à cette heure tranquille du soir, ce n'était plus le même homme, ou plutôt c'était Mallard lui-même, tel que l'ont connu ses amis les plus intimes, avec sa simplicité vraiment touchante et sa bonhomie berrichonne qui n'excluait pas une pointe de malice. La conversation, comme il convenait, commençait toujours par la géologie; il nous donnait, sur les choses que nous avions vues pendant le jour, des explications d'une clarté saisissante; et peu à peu, pendant qu'il parlait, la géologie dépouillait à nos yeux le vêtement mystique et idéologique dont Chancourtois avait coutume de la revêtir, et devenait une science comme les autres, pourvue d'une méthode précise et marchant vers un but déterminé. Puis on causait minéralogie, et je vois toujours son étonnement, son indignation même, quand il entendait parler autour de lui de l'aridité de la cristallographie. Et, insensiblement, la conversation passait aux thèmes les plus variés, sans que jamais Mallard cessât de nous émerveiller par la vivacité de son esprit, sa vaste érudition, sa dialectique puissante et surtout l'ardeur de ses convictions scientifiques."

Pudique, discret et toujours humble, tel apparaît Mallard à ceux qui le côtoyèrent. Dans les derniers temps de son séjour à St-Etienne, un de ses meilleurs amis lui offrit une situation considérable dans l'industrie métallurgique. Mallard refusa sans hésitation, préférant rester pauvre pour pouvoir se consacrer tout entier à la science. De sa vie personnelle on ne connaît que fort peu de chose sinon qu'il ne s'est jamais marié et qu'il évitait toute mondanité. Sa discrétion l'amenait aussi à toujours esquiver les questions sur sa campagne militaire de 1871.Quand il discutait de cristallographie, il ne parlait jamais de ses propres travaux. Les conquêtes de la science l'enthousiasmaient, pourvu que ce fussent bien des conquêtes utiles à l'humanité, mais peu lui importait qu'il en eût le mérite ou qu'elles fussent l'oeuvre d'un autre.

Les honneurs, la célébrité, vinrent à lui lentement, sans qu'il les eût jamais cherchés. En 1879, il fut élu Président de la société minéralogique de France puis, en 1885, président de la Société géologique de France. En 1886, il fut nommé Inspecteur général des Mines ; en 1888, Officier de la Légion d'Honneur et Docteur honoris causa de l'Université de Bologne. En 1890, il fut élu Président de la Société française de physique et devint Membre de l'Académie des Sciences. Rien de tout cela ne le changea ; il persista dans son travail acharné, dans son obscurité volontaire, dans son amour de la solitude.

Mallard a laissé mieux qu'un enseignement cristallographique d'une précision achevée et d'une irréprochable rigueur: une haute leçon de modestie et de désintéressement. Souhaitons qu'en tant qu'exemple, sa mémoire ne périsse point à l'École des Mines .

Bibliographie:

Termier Pierre (1895) Eloge d'Ernest Mallard, Bull. Soc. Géol. France, 3ème série, tome 23, pp.179-194

Termier Pierre (1895) A la gloire de la Terre. Souvenir d'un géologue. Nouvelle Librairie Nationale, Paris, 1922.

Michel-Lévy , discours aux obsèques d'E. Mallard, Bulletin de la Société Française de Minéralogie tome 17, 1894, pp. 137-139

Wyrouboff Bulletin de la Société Française de Minéralogie. 1894

Funérailles de M. Mallard: discours prononcé par M. Daubrée rapporté par M. Haton de la Goupillère. Gauthier-Villars. Paris, 1894

Mallard Ernest, Notice sur les travaux scientifiques, Gauthier-Villars, Paris, 1890

Mallard Ernest, Cours de minéralogie. Recueil de données cristallographiques et physiques concernant les principales espèces minérales. Ecole des Mines de Paris. 1893

Mallard Ernest. Recueil de données cristallographiques et physiques concernant les principales espèces minérales. Ecole des Mines de Paris. 1905


MALLARD (1833-1894)


par A. de Lapparent

Publié dans le LIVRE DU CENTENAIRE (Ecole Polytechnique), 1897, Gauthier-Villars et fils, TOME I, pp. 398 et suiv.

A l'Ecole Polytechnique revient l'honneur d'avoir formé les deux hommes qui, dans ce siècle, ont le plus illustré la Cristallographie. Deux Français, Romé de l'Isle et Haüy, avaient jeté les premiers fondements de cette science, lui imprimant, dès le début, la netteté qui est la marque distinctive de notre esprit national. Deux polytechniciens, Bravais et Mallard, ont achevé l'oeuvre, en réussissant à construire, sur les mêmes bases qu'Haüy, le corps de doctrines le plus lumineux et le mieux coordonné qui se puisse concevoir. C'est Mallard qui a couronné l'édifice par des travaux d'une puissante originalité, où le talent de l'observateur s'allie à une pénétrante faculté d'analyste, et grâce auxquels une science, qu'on pouvait croire définitivement fixée, a subi une rénovation complète. Quand on songe que ce chef d'Ecole incontesté a mené de front ses recherches scientifiques avec un labeur technique suffisant pour asseoir la réputation d'un ingénieur ; qu'aux jours douloureux de notre his- toire il a pris sa large part des travaux de la guerre ; enfin, que la droiture de son caractère et la dignité de sa vie ont mérité l'estime la plus universelle, il est permis de dire que nul, mieux que Mallard, n'a réalisé la conception du Polytechnicien tel que le voulait Monge, c'est-à-dire du citoyen d'élite, honorant son pays à la fois par la science et par le dévouement au service de l'État.

François-Ernest MALLARD naquit, le 4 février 1833, à Château-neuf-sur-Cher. Après d'excellentes études, pendant lesquelles sa mère, femme de coeur et d'intelligence, mit tous ses soins à développer les qualités d'une nature qui s'annonçait comme remarquablement douée, il fut admis en 1851 à l'Ecole Polytechnique, d'où il passa, deux années après, à l'Ecole des Mines. Affecté en 1856 à la résidence de Guéret, où il commença à prendre un vif intérêt aux études géologiques, en même temps qu'il se faisait remarquer de ses chefs comme un jeune ingénieur d'un mérite exceptionnel, il se vit appelé en 1859 à Saint-Etienne, pour y professer la Géologie, la Minéralogie et la Physique. Tout en profitant de son séjour dans ce centre industriel pour s'initier aux grandes questions d'intérêt technique, il poursuivait l'exécution des Cartes géologiques de la Haute-Vienne et de la Creuse, qu'il réussit à terminer pour l'Exposition de 1867, apportant, dans la distinction des diverses masses granitiques de la contrée, une précision qui n'avait pas encore été atteinte.

Au cours de ces explorations, il donna une preuve remarquable de sa sagacité. Son attention avait été éveillée par la reprise des travaux d'une très ancienne mine d'étain à Vaulry (Haute-Vienne). Il fut frappé de la grande analogie que présentaient ces fouilles avec des excavations, répandues dans la Creuse, aux environs de Monte-bras, et que les traditions locales représentaient, tantôt comme des restes de fortifications, tantôt comme les vestiges oblitérés d'une cité souterraine des Gaulois. En les explorant avec soin, il y découvrit de l'étain oxydé, et ce fut le signal de l'ouverture d'une mine nouvelle. Bientôt il était amené à grossir considérablement la liste de ces antiques fouilles. Puis, remarquant que la plupart étaient situées dans des localités où revenait, sous diverses formes, le nom d'aurières, que même certains cours d'eau du voisinage avaient fourni des alluvions aurifères, il en conclut que l'or, compagnon habituel de l'étain, avait dû être l'objet principal de ces recherches. Ainsi, selon son heureuse expression, le Limousin et la Marche, aujourd'hui si pauvres, avaient été la Californie gauloise, d'où nos ancêtres tiraient l'or par lequel ils excitaient l'admiration des Romains au IVe siècle avant notre ère.

En 1870, comme Mallard revenait du Chili, où l'avait appelé une mission industrielle, il eut la douleur de trouver la France envahie. De suite il se mit à la disposition du ministre de la guerre, et un instant il fut adjoint au directeur de la Manufacture d'armes de Saint-Etienne. Mais bientôt on lui confiait le commandement du génie civil dans le 18e corps, avec lequel il prit part à la campagne qui devait aboutir à la retraite de l'armée de l'Est en Suisse.

Après cet attristant épisode, Mallard avait repris ses fonctions dans la Loire, quand, en 1872, la nomination de M. Daubrée au poste de directeur de l'Ecole des Mines rendit vacante la chaire de Minéralogie dans cet établissement. La bonne réputation que le professeur de Saint-Etienne avait su conquérir auprès de ses chefs immédiats lui fit attribuer de confiance cette redoutable succession. Il ne tarda pas à montrer combien il en était digne.

Son premier soin fut d'introduire, dans l'enseignement de la Cristallographie, les doctrines rationnelles de Bravais, qu'il avait eu pour maître à l'Ecole Polytechnique. Malgré la faveur avec laquelle ces théories avaient été publiquement appréciées par Elie de Beaumont, il s'était formé autour d'elles une sorte de légende, qui les représentait comme une oeuvre de science transcendante, inaccessible au plus grand nombre. Mallard, qui s'était pénétré de ces doctrines et en était arrivé à leur reconnaître un caractère de nécessité philosophique égale à celle des lois de la Mécanique, entreprit de montrer que, pour en posséder la complète intelligence, il n'était pas besoin d'appeler à son aide autre chose que les ressources de la Géométrie et de l'analyse les plus élémentaires. Il réussit pleinement dans sa démonstration, et avec le succès de cette tentative, destinée à vivifier en France tout l'enseignement minéralogique, commença la renommée du nouveau professeur, « jusqu'alors confinée par son extrême modestie dans le cercle de ses amis et de ses collaborateurs intimes (Linder, Discours aux funérailles de Mallard) ». Un coup d'éclat allait bientôt la confirmer.

Depuis longtemps, l'usage des instruments de polarisation avait révélé, entre la symétrie extérieure de certains cristaux et leurs propriétés optiques, de véritables contradictions, qui semblaient mettre toute la théorie en échec, et pour lesquelles il fallait imaginer, au jour le jour, des explications dont l'insuffisance devenait de plus en plus manifeste. S'appliquant à l'étude de ces anomalies, Mallard fît voir en 1876 (Explication des phénomènes optiques anormaux, Annales des mines, 1876) que, loin d'être capricieuses, comme celles que pourraient produire la trempe cristalline ou l'inégale tension de certains corps colloïdes (hypothèses admises surtout par les auteurs allemands), les irrégularités constatées obéissaient à une ordonnance régulière, et résultaient de ce qu'un cristal, simple en apparence, était souvent formé par la juxtaposition de plusieurs individus, se confondant sous une enveloppe commune. Il fit plus et découvrit la loi de ces associations, en montrant qu'elles étaient le privilège des cristaux à symétrie-limite ou pseudosymétrie, c'est-à-dire de ceux dont la symétrie propre, inférieure en réalité à celle de l'enveloppe sous laquelle ils se groupaient, n'en différait cependant que très peu. De la sorte, les groupements apparaissaient comme un ingénieux artifice, par lequel les substances correspondantes cherchent, en quelque façon, à conquérir pour leur édifice une régularité plus complète, ce qui, du même coup, leur assure une plus grande résistance vis-à-vis des causes extérieures de destruction. Non content de formuler le principe éminemment philosophique de cette explication, Mallard en poursuivait le détail pour chaque cas particulier, déployant, dans cette analyse, autant de rigueur que de sagacité.

C'était toute une révolution dans le domaine de la Minéralogie. Elle ne fut pas acceptée sans résistance, et les échos des Sociétés savantes retentirent de discussions animées, dont on a dit avec justesse qu'elles « rappelaient par plus d'un côté la lutte mémorable soutenue jadis par Fresnel (Michel-Lévy, Discours aux funérailles) ». Mallard en sortit définitivement vainqueur, chaque jour apportant de nouvelles preuves en faveur de son argumentation, aussi serrée que courtoise, et ce succès fut d'autant plus flatteur pour notre amour-propre national, que la plus grande opposition était venue de l'étranger. A partir de ce jour, l'auteur du mémoire sur les anomalies optiques put encore rencontrer quelques contradicteurs ; mais il n'en vit pas moins tous les spécialistes s'incliner devant son évidente supériorité. Bientôt il complétait son triomphe en donnant, dans un travail admirable de concision et de clarté (Bulletin de la Société française de Minéralogie), l'explication théorique de toutes les macles, soit par accolement, soit par pénétration mutuelle. En fidèle disciple de Bravais, il avait soin de ne pas négliger, en cette matière, la forme propre des polyèdres moléculaires, ce qui, par d'ingénieuses considérations géométriques, lui permettait de justifier avec une rare simplicité certains accolements de cristaux, dont il avait été jusqu'alors impossible d'établir la formule, même empirique. Après quoi, tournant les ressources de l'Analyse vers la polarisation rotatoire, il démontrait que le phénomène pouvait être engendré par une superposition convenablement ordonnée de lamelles, et que la même doctrine s'appliquait sans peine au cas des liquides et des dissolutions.

Ayant tant de fois constaté le rôle que joue la symétrie-limite dans le choix des formes cristallines apparentes, Mallard ne pouvait manquer de porter son attention sur les nombreux cas d'isomorphisme, où l'on voit des molécules de forme à peu près identique s'associer en toutes proportions, en vertu d'une sorte de tolérance de la nature, pour engendrer un édifice cristallin unique. Il a éclairé ce sujet d'une vive lumière, et ce n'est pas un de ses moindres succès d'avoir su y rattacher la notion, en apparence contradictoire, du polymorphisme. Grâce à ses déductions, souvent appuyées par d'heureuses expériences, on sait maintenant que la plupart des cas de polymorphisme ne sont que des manifestations diverses, et d'ailleurs inégalement stables, d'une même tendance au groupement de parties diversement orientées. Il a montré aussi qu'un grand nombre de corps étaient, en réalité, très peu éloignés de ce qui conviendrait à une symétrie cubique. Par là, il a pu expliquer la fréquence des cas d'isomorphisme entre substances qu'au premier abord on serait tenté de ranger dans des systèmes différents, mais dont la symétrie réelle se présente sous un autre aspect, si l'on fait subir à leurs paramètres une modification dont l'effet est de remplacer les molécules simples par des molécules complexes, analogues à celles des corps polymères de la Chimie.

En résumé, Mallard n'a pas seulement donné une explication satisfaisante d'une foule de circonstances jusqu'alors demeurées sans raison et sans lien. Il a su rattacher toutes les anomalies apparentes aux principes mêmes de la symétrie cristalline, qu'elles semblaient devoir ébranler, à peu près comme les astronomes avaient réussi à montrer, dans les perturbations planétaires, une conséquence directe des lois de l'attraction universelle. C'est ce qui imprime à l'oeuvre de Mallard une hauteur particulière, dont on se rend aisément compte en lisant son beau Traité de Cristallographie, malheureusement inachevé. Ce n'est pas trop de prononcer le mot de génie en présence de tant de remarquables inspirations. D'ailleurs, à la rigueur mathématique et à la largeur philosophique des aperçus se joignait, chez lui, un souci constant de ne pas perdre de vue la matière concrète, souci bien naturel chez un homme avant tout doué d'un suprême bon sens. On peut dire que ses recherches relatives à l'action de la chaleur sur les cristaux font toucher du doigt, aussi bien que les mémorables expériences de Reusch et de Baumhauer, la réalité des polyèdres moléculaires comme celle des assemblages de lamelles cristallines. Excellent expérimentateur, il a doté les minéralogistes d'un précieux appareil pour la mesure des petits cristaux, et tous ceux qui fréquentaient son laboratoire savent que la recherche des faits positifs tenait encore plus de place dans sa vie que les études théoriques auxquelles il excellait.

En 1890, une vacance étant survenue à l'Académie des Sciences dans la section de Minéralogie, Mallard fut élu au premier tour, sans avoir eu, pour ainsi dire, besoin de faire campagne. Jamais candidature n'a coûté moins d'efforts à l'élu. Le nombre n'était pas très grand de ceux qui avaient autorité pour apprécier pleinement son mérite; mais ils avaient formulé leur opinion de telle sorte, que la majorité ne pouvait hésiter à les suivre. Comment l'Académie eût-elle laissé attendre celui de qui Lord Kelvin [ Sir William Thomson. Le propos que nous rapportons ici, tenu à une séance de l'Académie, nous a été confirmé par une déclaration écrite du célèbre savant anglais. ], l'illustre associé étranger de la savante Compagnie, devait dire un jour qu'il le regardait comme un des esprits les plus puissants que la France ait produits dans ce siècle ?

Tant de travaux scientifiques n'ont pas empêché Mallard de poursuivre avec régularité le cours de sa carrière administrative. Libre de toute attache, car il ne s'était pas marié, il donnait au service public la part de son temps que la science n'absorbait pas, ne réservant que les vacances pour aller jouir, en Berri, de la profonde affection qu'il avait su inspirer à tous les siens. Son expérience, son tact et la sûreté de son jugement étaient trop appréciés pour que l'Administration négligeât d'en tirer parti. Inspecteur général depuis 1886, il avait acquis une grande autorité au Conseil des Mines, dont il semblait que la présidence dût un jour lui revenir. Mais c'est surtout à l'occasion de ses travaux sur le grisou qu'il a mérité la reconnaissance et l'admiration de tous ceux que préoccupe l'exploitation des mines. Jamais on n'a vu de démonstration plus saisissante du rôle considérable qu'une science de bon aloi peut jouer dans la solution des problèmes industriels.

Dès 1868, à Saint-Etienne, Mallard avait été le premier à provoquer des expériences vraiment scientifiques sur l'emploi des lampes de sûreté. Aussi n'oublia-t-on pas, en 1878, de le nommer membre de la Commission du grisou. Les travaux qu'il a exécutés à cette occasion, et pour lesquels il a eu, à partir de 1881, la constante collaboration de M. H. Le Chatelier, l'ont placé absolument hors de pair. Mallard a commencé par entreprendre, sur la température d'inflammation et la chaleur de combustion des mélanges gazeux inflammables, une suite de déterminations qui n'ont pas tardé à avoir des conséquences pratiques considérables. Chemin faisant, il a été conduit, relativement aux chaleurs spécifiques et aux températures de dissociation, à des résultats très importants pour la science pure.

Abordant ensuite le grave problème des explosifs de mines, il s'est hardiment proposé de les rendre inoffensifs en provoquant, par la détente, un rapide refroidissement des gaz. Il avait remarqué que le grisou réclame un certain temps pour s'enflammer. Utilisant cette propriété, il a réussi, par l'emploi simultané de l'azotate d'ammoniaque et des explosifs ordinaires, à combiner des cartouches qui, bien qu'elles éclatent à 1500 degrés, font naître une détente assez brusque pour que le grisou n'ait pas le temps de prendre feu. C'est un immense service rendu, non seulement pour la préservation des vies humaines, mais pour l'exploitation économique du charbon, qui fût devenue impossible s'il avait fallu supprimer l'emploi des explosifs, reconnus autrefois par la statistique comme occasionnant les deux tiers des accidents de mines.

Entre tant de mérites divers, ce qui doit rester la marque distinctive de cette existence si bien remplie, c'est la simplicité sans égale dont toutes ses manifestations ont porté l'empreinte. Ceux qui l'ont entendu n'oublieront jamais avec quelle absence de prétention Mallard présentait en public les résultats scientifiques les plus importants. On eût presque dit qu'il n'y avait aucune part! Ce n'était pas une modestie affectée, mais bien le fait d'un esprit supérieur, trop haut placé pour s'attarder à une recherche personnelle, trop clairvoyant pour s'éblouir lui-même en ces matières de science où le dernier mot n'est jamais dit. Universellement respecté dans les Sociétés savantes qu'il fréquentait, et où sa bonté naturelle, sa délicatesse et sa courtoisie demeureront proverbiales, Mallard ne comptait que des admirateurs et des amis. Ce fut pour eux un coup de foudre quand on leur annonça que, le 6 juillet 1894, un mal insoupçonné avait tranché en une seconde cette vie si précieuse et si pure. Trois jours après, l'affluence exceptionnelle qui se pressait à ses obsèques apprenait, pour la première fois, aux riverains du Luxembourg, quel homme éminent avait habité parmi eux, dans cette modeste maison de la rue de Médicis où son mérite se cachait depuis si longtemps ; et le mois suivant, en présence de l'Association britannique réunie à Oxford, le président de la section de Géologie, M. Fletcher, dans son discours d'inauguration, payait à la mémoire de Mallard un juste hommage, en déclarant que la Minéralogie était en deuil de « son plus grand philosophe ».

A. DE LAPPARENT.


Voir aussi : De la Cristallographie à la Minéralogie : le XIXème siècle par Lydie TOURET